Israël a mangé sa raclette contre l’Iran. Que cette tournure semble triviale, voire grotesque, pour décrire un épisode stratégique de haute intensité. Pourtant, c’est bien là la vérité crue : dans un excès d’arrogance tactique, Israël a baissé la garde, et l’Iran, d’un calme glacial, a frappé là où cela fait mal — dans les arcanes mêmes de l’influence, dans les veines discrètes de la puissance.
Les frappes iraniennes — chirurgicales, précises, presque élégantes dans leur froideur — n’ont pas visé des bases ni des installations militaires secondaires. Elles ont ciblé, avec une clairvoyance impitoyable, plusieurs figures influentes du complexe sécuritaire et politique israélien. Pas des noms visibles pour les foules, mais des têtes pensantes, des hommes de l’ombre. Ce n’est pas un assaut conventionnel. C’est un message.
Israël, si souvent présenté comme maître du renseignement, se retrouve ici dans la posture du disciple puni pour excès de confiance. Le Mossad n’a rien vu venir, ou si peu. L’appareil de contre-espionnage, pourtant ciselé dans des décennies de guerre froide régionale, a laissé passer l’aiguille empoisonnée.
Trop sûr de son monopole de la peur, Israël a oublié que l’Iran, loin d’être un régime impulsif, agit avec une temporalité que l’Occident ne comprend pas. Les Perses, eux, savent attendre, infiltrer, dissimuler. Ils ont frappé non pour réagir, mais pour redéfinir la hiérarchie secrète du Moyen-Orient.
Et cette fois, le sang versé dans les salons silencieux du pouvoir n’a pas coulé en vain. Il dit ceci : Israël n’est plus intouchable. Le mythe de son invulnérabilité vient d’être ébréché non par une armée, mais par une intelligence — au sens strict du terme.
L’Architecte sans temple.,
— Celui qui regarde depuis les hauteurs.