Quoi, vous avez dit déportation ?
Dans les années d’après-guerre, ce terme a été presque exclusivement réservé à la déportation "de répression", c’est-à-dire s’appliquant aux résistants avec les décrets NN "Nacht und Nebel " ( nuit et brouillard ).
La figure du Résistant occupe alors une place prépondérante dans la société, favorisant même de belles carrières politiques.
La déportation dite "de persécution", concernant les juifs, les homosexuels, les témoins de Jéhovah et les Tsiganes n’était pas au centre des préoccupations pendant les Trente Glorieuses.
A partir de la fin des années 1970, une véritable campagne de marketing imposa le monopole du terme pour les juifs dont seulement 74 150 ont été déportés sur près de 320 000 établis en France avant 1940.
Une autre déportation, autrement plus importante est complètement ignorée : la déportation d’environ 600 000 Français, de 1942 à 1945, pour le Service du travail obligatoire (STO).
La dénomination officielle de « déporté du travail » a même été interdite aux associations de victimes du STO par la justice en 1992 au nom du risque de confusion avec celle des résistants et des juifs.