Jésus à Israël : « Arrière, Satan ! »
Le « secret messianique » dévoilé
@Laurent Guyénot
Quelque sérieuse divergence que l’on puisse avoir avec Laurent Guyénot, il faut reconnaître qu’il s’agit d’un sujet, certes délicat, mais de fond.
Déjà dans l’Ancien Testament, alors que le Lévitique est rythmé d’instructions commençant par « le Seigneur dit à Moïse », DIEU dans le livre du prophète Jérémie affirme n’avoir jamais prescrit d’holocaustes ni de sacrifices à la sortie d’Egypte.
A l’ère du Nouveau Testament, le marcionisme – et plus généralement la gnose – est connu comme le courant le plus représentatif de la contestation de l’Ancien Testament.
Ce que l’on sait moins, c’est que cette remise en question était aussi partagée par plusieurs groupes chrétiens par ailleurs farouchement opposés à la gnose sur d’autres points. Lisons les écrits clémentins (Homélies et Reconnaissances), beau texte littéraire, historique et théologique hébraïco-chrétien. Notamment la somptueuse joute oratoire entre saint Pierre (représentant l’Eglise) et Simon le Magicien (représentant la Gnose païenne) qui eut lieu à Césarée. Dans ce texte magnifique où tout oppose nos débatteurs, saint Pierre est au moins d’accord – ou le met-on en accord – avec Simon sur la falsification a minima de certains récits de l’Ancien Testament, saint Pierre y voyant des mains humaines, Simon attribuant l’ensemble du système (juif et chrétien) à une divinité déchue.
Au IVe siècle, saint Epiphane écrit son gigantesque Panarion, une réfutation des hérésies de l’époque. Tout le monde en prend pour son grade : gnostiques hellénisants, judaïsants, etc. Parmi les cibles de saint Epiphane se trouvent plusieurs groupes chrétiens hébreux rejetant, certains partiellement, d’autres presque totalement la Torah de Moïse en vigueur comme étant falsifiée, ou faussement attribuée à Moïse. L’une des caractéristiques majeures de ces églises se trouvait dans le rejet des sacrifices sanglants, de toute effusion de sang ainsi que dans la possession d’une Torah propre (Ancien et Nouveau Testament). Saint Epiphane leur objectait à souhait des références bibliques, mais a dû se heurter un petit peu au texte de Jérémie déjà cité.
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