Xavier Moreau – Nouvelle croisade, Liturgie laïque, F-16 magiques
3 août 2024 10:08, par nicolasjaissonSi l’économie russe est en surchauffe, c’est que l’Etat subventionne à fonds perdus le complexe militaro-industriel, auquel il faut rajouter toutes les entreprises qui sont contraintes de reconvertir leurs lignes de production pour satisfaire aux besoins de l’armée. Le relèvement du taux directeur est rendu nécessaire, pour compenser l’inflation monétaire causée par le recours à la planche à billets pour financer l’économie de guerre. En Russie comme en Chine le capital étranger s’est fait la malle, ce qui oblige les autorités locales à se financer elles-mêmes, en obligeant les banques à acheter les obligations émises par l’Etat pour financer ses dépenses. Les banques transforment alors ces obligations en crédits aux entreprises (et en salaires) en facturant naturellement le coût de la dépréciation monétaire causée par la monétisation de la dette, sur la base du taux directeur de la banque centrale. C’est une situation très malsaine, qui ne peut perdurer bien longtemps, car elle mine la production de richesses, qui est réorientée vers des activités non créatrices de valeur, puisque la matériel promis à la destruction est financé par la destruction de valeur monétaire, et partant l’appauvrissement généralisé. Parallèlement la Russie accroît considérablement sa pression fiscale sur les entreprises comme sur les particuliers, en supprimant la flat tax, qui est remplacée par un impôt progressif. L’avantage du pétrole pas cher à la pompe disparaît également avec le renchérissement de l’essence et surtout la rationnement, qui est désormais devenu une réalité en Russie. Pour ce qui est des importations parallèles, elles trouvent leurs limites, du fait que la qualité des produits de substitution n’est pas au rendez-vous (puces chinoises, munitions nord-coréennes) et que les besoins satisfaits en priorité relèvent plus de l’économie de guerre que d’une économie normale de temps de paix. La réaction des automobilistes russes vis à vis des véhicules chinois me paraît assez claire de ce point de vue. Recréer des chaînes de valeur complètes dans des secteurs d’activité qu’il faut reconstituer entièrement, le tout dans un contexte de rareté des capitaux et de la main-d’oeuvre, relève de la mission impossible. Les avions civils se font de plus en plus rares en Russe, malgré les annonces dithyrambiques de Moreau à propos des nouveaux jets russes. Le raffinage est progressivement paralysé, tout comme les constructions navales, les biens de consommation civils etc.