Dans ce marais que représentent les médias états-uniens, Carlson fait figure de saint. Sans doute est-il l’un des moins malhonnêtes. Et je suis sûr que l’entrevue sera à peu près correcte et permettra à Poutine d’exprimer son point de vue sans être constamment interrompu, nargué ou poussé à la faute.
Mais c’est quand même un peu tard pour Carlson et les Trumpistes pour se manifester. Tous les camps confondus, on en est à plusieurs centaines de milliers de morts, amputés et légumes. Je me dis que c’est il y a deux ans qu’ils auraient dû se mobiliser, pas seulement au moment où cette guerre est devenue pour eux un gouffre sans fond et qu’elle est en voie d’être perdue. D’ailleurs, si c’était les États-Unis qui étaient en voie de gagner en ce moment, je me demande si l’on verrait M. Carlson tant se préoccuper du point de vue des Russes ? Permettez-moi d’en douter.
C’est vrai que je n’ai aucune confiance dans le peuple américain en général, et cela inclut Trump et ses appuis. J’ai un certain espoir en ces derniers, mais ils montrent encore trop de bellicisme, trop d’hégémonisme, trop d’évangélisme, trop d’opportunisme. Et j’espère donc que les Russes ne s’endormiront pas, même avec une éventuelle victoire de Trump à la fin de l’année, qu’ils pousseront leur victoire en Ukraine jusqu’à ses conséquences ultimes et qu’ils feront tout, avec la Chine et les autres, pour affaiblir durablement les États-Unis. Tendre la main à Trump, oui, mais une main très, très ferme, d’abord parce que celui-ci doit encore faire ses preuves, ensuite parce qu’il y aura encore longtemps une très forte opposition à Trump aux États-Unis et qu’il y aura ensuite un après-Trump dont on ne sait rien.