Grèce : Révolte populaire de masse sans précédent
13 juin 2011 00:37, par stavLe problème de la Grèce est multiple. D’abord, la discontinuité de son histoire faite de plusieurs occupations n’a pas permis aux grecs de se constituer un sentiment national leur permettant de se réunir d’une façon spontanée et positive pour faire face à une difficulté. Leur individualisme depuis le sommet de la sphère politique et économique jusqu’à la base sociale fait que chacun travaille pour soi et non pas pour l’intérêt commun. L’industriel ne voit pas pourquoi il ne délocaliserait pas ses activités, en même temps que les salariés ne voient pas pourquoi ils ne feraient pas grève une semaine de plus pour demander une augmentation salariale. Le riche ne voit pas pourquoi il ne placerait pas son épargne en Suisse au lieu de l’investir en Grèce et le peuple ne voit pas pourquoi il n’essaierait pas de frauder le fisc privant l’état des ressources nécessaires aux investissements publiques ou à la redistribution. Comment un état peut se désendetter s’il ne perçoit pas les taxes ? L’exemple des Japonais, est remarquable. L’intérêt national a primé toute autre considération et a permis à ce pays, détruit politiquement et économiquement après la seconde guerre mondiale de se reconstruire et de devenir, pendant un temps, vers la fin du XXème siècle le premier pays créancier au monde.
La Chine, après des siècles de féodalité où le système politique primait sur l’individu, a connu le système politique communiste où l’intérêt social vu d’une autre façon, continuait à primer sur l’individu. Ces deux pays, contrairement à la Grèce, n’ont pas connu de cassure dans leur développement historique car ils n’ont pas été occupés par des nations de culture différente. La Chine, après des siècles d’un sous-développement relatif aux autres pays, a su se mettre en marche depuis la base jusqu’au sommet de l’état, tout comme le Japon auparavant, et être à son tour aujourd’hui le premier pays créancier au monde.
Dans un pays, le développement socio-économique est comme une fusée qui ne peut s’élever que si l’infrastructure est installée et le carburant existe. Le carburant pour ce développement est le travail quotidien du peuple autour d’un même objectif, l’infrastructure se trouve dans l’esprit d’organisation des dirigeants. Si cet ensemble est homogène, alors les projets les plus audacieux peuvent se réaliser. Dans la situation grecque, le carburant manque. Le peuple et ses dirigeants, à tous les niveaux, n’ont pas d’objectif commun.
Après la seconde guerre mondiale, l’Allemagne détruite s’est mise au travail grâce à une certaine unité sociale, politique et économique autour d’un objectif national et a réalisé son miracle allemand
Une autre facette du problème grec est que l’abandon du drachme et l’adoption de l’euro a enlevé à ce pays toute compétitivité monétaire. De sorte que si les grecs veulent rester dans la course de la compétition européenne ils doivent produire soit 10 ou 20 fois plus, soit à des coûts salariaux équivalents ou inférieurs à ceux des pays de l’est. Ce n’est pas envisageable si tous les grecs ne se réunissent pas autour d’un objectif commun qui leur ferait passer, consciemment, cette période qui peut durer 10-20 ans de sacrifices avant de voir le bout du tunnel.