Donner du sens à sa vie, avoir le sentiment à la fin de sa vie d’avoir "œuvré au Bien", se fabriquer une image valorisante ou carrément se prendre pour un héros d’une cause suprême, c’est tout cela que partage tout homme qui combat pour une idéologie dans notre monde moderne subclaquant.
Taguieff est sans aucun doute dans cette catégorie d’homme et il est certainement sincère... En réalité, ce qui ginit par gêner ce n’est pas tant cette posture humaine mais le fait que la cause soit devenue la Cause au-dessus de toutes les causes. Rappeler à ces esprits "purs et bons" que les guerres majeures de notre modernité ont fait plus de 30 millions de victimes dans le monde ne suffit jamais à remettre en cause cette étrange hiérarchie des douleurs.`
L’on lit ici et là que cela tient au fait que dans le cas de la Shoah, il y a eut - c’est évident - une dimension de plan, de planification. personnellement je voudrai souligner un aspect plus particulier dans ce grand crime collectif...
... son aspect industriel. Et j’ose proposer ici une des contradictions les plus dérangeantes dans ce dossier. Car si indiscutablement la caractéristique industrielle est bien l’une des plus insupportables qui soit, l’invention de l’industrialisation en tout domaine n’est-elle pas la signature du "miracle occidental" ?
Cette nouveauté du mode industriel allait propulser l’occident dans la modernité intégrale et, par là, engendrer un système économique archi enrichissant par la grâce du taux de profit, lui-même, devenu quasi industriel.
Peut-on dénoncer ardamment un crime industrialisé sans dénoncer et combattre aussi férocement son enfant diabolique qu’est cette économie basée sur l’usure systématique et mortelle sur l’ensemble du monde ?
Est-ce que les Taguieff et autres chevaliers de la cause suprême combattent pareillement cette économie qui tue, pour le coup, des milions de gens dans le monde sans faire de tintamarre ?
C’est une hypthèse que je pose... n’hésitez pas à me dire si mon analyse est foireuse.