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Myriam Bounafaa et Camille Grenu, ces fonctionnaires facultatives de l’infra-culture télévisuelle abâtardie, ces dérisoires Eponine et Azelma Thénardier de la fange informationnelle aux ordres, rient de connivence devant leur bonne fortune et raillent les gueules éprouvées par la vie, dont elles relatent l’infortune : j’y vois deux présomptueuses prêtes à mourir étouffées sont le poids de leur narcissisme. Mymy et Caca, la vie de ces petites gens et le semblant de commentaire que vous en faites, entre deux gloussements sardoniques qui vous font péter d’aise, le voilà votre gagne-pain ; méprisez-les à l’envi, mais sans eux, vous n’êtes RIEN. Myriam Bounafaa et Camille Saugrenu, cette France d’en-bas, vous la montrez à l’antenne, vous lui donnez la parole : vous êtes, au fond, leurs employées, leurs subalternes.
Pendant que l’embourgeoisement économique et l’absence d’empathie les font se gausser, l’aristocratie de la pensée, elle, vomit ces gueuses : « La pauvreté des biens est aisée à guérir. La Pauvreté de l’âme, impossible. » Michel de Montaigne, Essais.