concernant les "mœurs des élites", je conseille fortement à E&R de replonger ses lecteurs dans l’étude des "120 jours de Sodome" du Marquis de Sade... TOUT Y EST DIT ET DECRIT...
ce n’est plus l’aimable roman érotico-mondain du 18ème siècle. Sade a complètement subvertit le genre. Deux ruptures majeures parmi d’autres :
l’absence de beauté, d’érotisme ordinaire. C’est un enchaînement de scènes abominables de perversion, sordides, de cruauté pure, avec des mises à mort d’enfants. On est loin des gaudrioles érotiques habituelles du genre. Sade a tellement détruit le genre érotique avec ce livre, que des écrivains de l’époque comme Restif de la Bretonne, ont écrit un "contre Sade" pour essayer de redonner un peu de vie à l’érotisme littéraire.
ce qui est encore plus troublant, c’est le choix des personnages. Fini les marquises poudrées, et les personnages habituels du roman libertin tirés de l’aristocratie oisive. Sade présente ouvertement ses 4 personnages tortionnaires pédocriminels comme de très hauts dignitaires de l’état : Conseiller d’Etat, Ministre des Finances, Cardinal, etc. Il met très ouvertement en scène les hommes du pouvoir réel. C’est un point très marquant et rarement souligné.
Car en effet, c’est peut-être "une autre vérité" dont Sade témoigne à travers ses écrits (pseudo-)érotiques. Sade a-t-il inventé ces scènes ? Ou bien témoigne-t-il de ce qu’il a vu dans la haute-société de la monarchie finissante ? Car Sade venait, on l’oublie, d’une très haute famille. Il a été incarcéré à la Bastille dans des circonstances troubles... avant de finir ses jours à l’asile. Quand on voit ce qu’on voit dans la presse aujourd’hui, on ne peut pas ne pas y penser.
... détail troublant : Sade place l’action dans une "île" semblable à celle d’Epstein (sauf que ça se passe dans un couvent isolé, coupé du monde, par des douves et des murs complexes), d’où une jeune victime finit par parvenir à s’échapper pour raconter son témoignage (on sait que certaines victimes ont tenté de fuit l’île d’Epstein à la nage).