La situation actuelle me fait penser à la controverse qui a opposé Voltaire et Rousseau lors du séisme de Lisbonne en 1755.
Côté Voltaire : c’est la fatalité, une calamité divine, on n’y peut rien, soumettons-nous.
Côté Rousseau : si l’Homme ne s’était pas installé dans une zone à risque sismique, il n’y aurait pas eu autant de victimes. Responsabilisons-nous.
Transposition à l’époque actuelle :
le camp voltairien affirme que le virus est le Mal, qu’il faut le combattre, qu’il est la source de tous nos maux sans qu’on sache d’où il sort, c’est comme ça. Autrement dit, la source de nos maux est exogène à notre système, alors acceptons et attendons que ça passe, dans la peur et la soumission.
Côté "rousseauien", ceux qui remontent aux racines de la catastrophe et rappellent que si le système de santé, l’industrie et l’agriculture (et plus largement les services publics) n’avaient pas été systématiquement détruits depuis des années, on serait sans doute mieux équipés pour faire face. La source de maux est endogène au système, ce qui nous redonne le pouvoir de choisir et la responsabilité.
En termes de résilience, je pense que l’attitude rousseauienne est plus fructueuse car elle replace la responsabilité de l’Homme au centre, ce qui lui redonne aussi le choix.
J’espère que ce choc donnera une chance à autre chose, pour ne pas revenir à la situation antérieure (qui ne serait du coup pas de la résilience), et que l’envie d’autre chose, qui flotte dans pas mal de têtes, tiendra la distance...
Ce dont je suis convaincue, c’est que l’après se construit maintenant. Ce sur quoi je m’interroge : comment intéresser, fédérer assez de personnes pour faire levier et ne pas oublier ? Le terreau est là, il est temps de semer !