Et si son intervention militaire en Libye était pour la Turquie le moyen d’étendre ses frontières maritimes ?
7 janvier 2020 01:04, par Bayinnaung
Et si, finalement, tout n’était que gesticulation de la part du président Erdoğan afin d’imposer une renégociation du traité de Lausanne de 1923 ?
Si Erdogan n’est pas pris d’hubris et est bien le rusé renard politique qu’on dit de lui, alors je pencherai en effet pour cette solution.
Malgré ses moyens en hommes, l’armée turque ne peut pas se lancer dans un bourbier en Libye, comme l’ont fait les Américains en Irak ou les Saoudiens au Yemen. Non seulement l’armée Turque se retrouverait dans une impasse stratégique (aujourd’hui, on ne vainc plus les armées puissantes en leur infligeant des défaites, mais juste en leur refusant toute victoire et en les laissant tourner en rond dans des milieux hostiles où les pertes dues aux escarmouches fatiguent autant la troupe que l’opinion publique) mais en plus les ennemis d’Erdogan, ainsi que les alliés qui n’ont pas encore eu l’opportunité ou l’intérêt de le trahir, sauteraient à pied joint sur l’occasion (les Anglais et les Saouds ont déjà utilisé l’arme de la guerre sainte contre les Turcs, pourtant musulmans sunnites, en 1916...pourquoi ne pas recommencer avec les fondamentalistes d’Afrique du Nord en dénonçant la Turquie comme alliée du Grand Satan puisque toujours membre de l’OTAN ?)
En revanche, brandir la menace d’une intervention militaire est un excellent atout au plan diplomatique et économique.
On se contente de n’envoyer à Misrata que le minimum syndical (proxy, matériel de guerre, support médical, un peu de soutien aérien...) le résultat attendu n’étant pas une victoire militaire et le sauvetage d’une chimérique diaspora Turque dans l’est Libyen ... mais, tout simplement, une extension du droit maritime Turc et plus de zéro en bas du chèque.
Habile real-politik éloignée des atermoiements soit-disant moraux des partisans de l’impérialisme néo-ottoman.