À propos de S. Wiesenthal, une histoire qu’il racontait lui-même (mentionnée dans sa biographie écrite par Tom Segev) : peu avant la prise de Lwow par les Soviets en 1944, Wiesenthal et une cinquantaine d’autres Juifs ont été pris en charge et évacués par une trentaine de SS. Ces Allemands n’avaient aucune envie d’aller au front, alors ils déplaçaient ce groupe de Juifs d’un endroit vers un autre, s’établissant eux-mêmes des ordres de mission bidons et faisant semblant que c’était très important et très urgent, réquisitionnant cantonnements et moyens de transport. Lors de cette odyssée, les Juifs ont fini par sympathiser avec leurs SS, et même par devenir plus ou moins amis. Ils dormaient ensemble, mangeaient des pommes de terre réquisitionnées, buvaient le schnaps… Ces Allemands ont d’ailleurs plus ou moins fini par ne plus surveiller leurs "prisonniers". Cela allait bon train… Tout le groupe a malheureusement fini par se faire prendre par une unité spéciale de la Wehrmacht, destinée à traquer les déserteurs. Les Juifs ont été renvoyés dans un camp, et les SS au front, dans une unité disciplinaire.
À rapprocher de l’histoire du "meilleur chef-opérateur du cinéma polonais", Lipman, qui travailla après la guerre entre autres pour Andrzej Wajda, Polanski etc. Après son évasion du ghetto de Wolomin près de Varsovie, muni de faux papiers très bien contrefaits, il aurait passé plusieurs mois à sillonner l’Europe en guerre en chemin de fer en uniforme de sous-officier de la Luftwaffe, et cela malgré sa physionomie très "sémite". Il allait ainsi d’Odessa à Irun passant par Varsovie, Berlin et Paris, et de Königsberg à Athènes passant par Cracovie, Prague, Vienne et Bucarest !