Le psychiatre Mathieu Bellahsen : "La santé mentale est devenue l’outil du néolibéralisme"
9 août 2016 14:52, par Une femme2/2
Ils sortent ( je pourrais dire leur revolver, leur revolver car au final, c’est la mort assurée de toute la chimie cérébrale et émotionnelle car toute la psyché s’arrase !)
Ils sortent leur fiche de prescription et ils ont tellement la frousse de passer à côté d’un psychotique dangereux qui pourrait écorner leur carrière déjà bien fragilisée, qu’ils fourbissent anxiolytiques, antipsychotiques à gogo, somnifères et tout le bataclan ( bataclan, dans la lignée terroriste car c’est véritablement terrorisant) à quelqu’un qui somme toute est normal, parce qu’avec ce qui lui arrive s’il était joyeux, c’est là, qu’on pourrait se poser des questions !
A côté de ça, j’ai vu aussi des dingos de toubib, qui ne voyaient pas, qui ne savaient pas discerner un vrai psychotique paranoïaque ( pas ceux qu’on qualifie vite de parano comme aujourd’hui, vous, moi, ceux qui ne sont pas devant la télé et qui ont des pensées bizarres sur le monde environnant), non, des vrais, des vrais de vrai, ceux qu’il faut bien regarder dans les yeux avec le regard clair et sans arrière-pensée parce que ça risque de mal finir, s’il lit quelque chose d’un peu trouble qu’il peut interpréter comme un danger pour lui ou alimenter un délire perso, et bien certains de ces messieurs ne donnaient rien, et là, franchement, c’était non-assistance à personne en danger, parce que c’était pas bonbon pour vivre dans un tel climat !
Les labos sont entrés en force et ça y va à foison. Tout est inversé dans ces structures, on parle d’équipe pluridisciplinaire mais y’a pas plus d’équipe que de beurre où vous pensez. Chacun travaille dans son coin et y’a plus personne auprès des gens, à part la femme de ménage qui fait un sacré boulot de psy. Car c’est elle qui fait le boulot et qui souvent s’arrête, parle et rassure, adoucit la détresse de beaucoup qui s’ennuient à mourir dans ces mouroirs aux murs repeints, avec de belles photos et des mots ronflants mais qui se retrouvent seuls, comme on peut se retrouver profondément seul dans un monde surpeuplé.
C’est un monde triste comme la mort, c’est un monde malade et les seuls bien portants que j’ai rencontré, c’était pour la plupart des gens qu’ils disent "malades"