88,5 % d’admis au baccalauréat
11 juillet 2016 10:54, par Gabriel
Je suis prof et correcteur du bac. Dans ma matière, notre IPR (inspecteur pédagogique régional), un chic type au demeurant, nous demande d’avoir au moins 10 de moyenne sur notre paquet de copies. Les ordres viennent d’en haut, et on nous fait bien comprendre qu’il est dans notre intérêt de respecter la consigne. Dans d’autres matières que la mienne, j’ai entendu dire que les notes étaient même remontées sans demander l’avis du correcteur, après leur enregistrement. Nous avons donc de la chance, nous a t-on dit, d’avoir encore le loisir de choisir comment arriver à ce 10 de moyenne...
Je vous le dit tout de go, arriver à ce résultat est un casse-tête doublé d’un supplice, tant le niveau est lamentable. Et je pèse mes mots. J’ai ainsi dû mettre des 18 à des copies pourtant hors sujet pour satisfaire l’objectif.
Au delà du problème évident de la destruction de la valeur de ce diplôme déjà évoqué, se pose aussi celui de l’équité de la correction : un élève dont la copie tombe dans un paquet médiocre aura une note nécessairement meilleure que s’il avait été évalué comparativement à de moins mauvaises productions... cette façon de faire introduit donc une part non négligeable de relativité dans le résultat (relativité que l’on cherche par ailleurs pourtant à limiter- vainement- par des réunions d’harmonisation), qui, couplée à la quasi absence d’exigences, finit par vider de tout sens ce diplôme.
Je vois déjà les critiques m’enjoignant à quitter ce métier s’il était si moralement insupportable. Les choses ne sont pas si simples. Pour faire rapide, je dirais que c’est le prix à payer pour continuer à faire contre-poids dans cette baraque de fous, et que tout cela pourrait s’apparenter, je pense, au respect d’un certain "impératif catégorique".