Pierre Jovanovic présente l’histoire de l’inventeur du billet de banque et de la "planche à billets"
20 mai 2016 12:36, par nicolasjaissonJohn Law a été appelé à la rescousse par la monarchie française du fait des difficultés budgétaires chroniques qui constituaient un frein à la bonne marche des affaires publiques, notamment en ce qui concerne le développement des colonies et la mise sur pied d’une marine de guerre capable de rivaliser avec celle de l’Angleterre. les Anglais ont été beaucoup plus inventifs que les Français en ce qui concerne le financement des déficits par l’appel au marché via notamment le développement de produits de dette évalués grâce à des techniques mathématiques performantes qui permettaient le libre échange des obligations souveraines sur un second marché ainsi que leur transformation en actions. C’est grâce aux marchés financiers mis au point conjointement avec les financiers et mathématiciens hollandais (voir les travaux de Leibnitz sur l’évaluation des produits dérivés, notamment les options sur les actions), que la couronne anglaise est arrivée à maîtriser ses déficits tout en pratiquant, il est vrai, une politique fiscale agressive. Mais les bourgeois comme les aristocrates anglais étaient prêts à payer, car ils se savaient épauler par la Couronne britannique qui mettaient à leur disposition ses moyens logistiques et militaires pour la conquête des marchés mondiaux. John Law a essayé de reproduire le mode de financement public anglais en faisant émettre du papier collatéralisé par les revenus de la compagnie des Indes en Louisianne. Malheureusement la confiance des investisseurs s’est évaporée, dès lors que les attentes financières vis à vis des colonies américaines ont été déçus. L’Etat français n’a jamais disposé des mêmes moyens que les Anglais pour développer ses colonies américaines : il manquait les infrastructures portuaires, les entrepôts de commerce, les moyens de communication, enfin toute la logistique pour mettre en place une économie moderne comme celle de la Nouvelle Angleterre. C’est la raison pour laquelle la monnaie papier de Law s’est terminée par un fiasco, alors que celle de la Banque d’Angleterre, soutenue par une fiscalité généralisée et systématisée, a contrario de celle de la France jusqu’à Napoléon, a été un succès.