Victoire du "non" néerlandais : une crise de la stratégie européenne ?
11 avril 2016 10:33, par listenerIl est écrit : "La question posée était de savoir si les électeurs hollandais approuvaient ou non l’accord d’association. Le fait qu’un référendum puisse être tenue sur un tel sujet est indiscutablement la preuve que la démocratie est bien vivante aux Pays-Bas".
Personnellement, je ne le pense pas. Il suffit d’un peu de réflexion pour comprendre qu’il s’agit en fait d’une dégénérescence de la démocratie.
"L’accord d’association" sur lequel les hollandais étaient appelés à se prononcer, (qu’on y soit favorable ou pas car là n’est pas la question) s’analyse comme étant un traité international, un pacte d’Etat à Etat (passant par l’ignoble "Europe" mais peu importe). Or c’est cela qui ne va pas. Le traité international ne relève pas du peuple mais des "princes" qui le gouvernent. C’est le domaine réservé des chefs d’états. Le peuple ne peut absolument pas connaitre les tenants et aboutissants, les clauses, les détails d’un traité international, y compris (et peut-être surtout) dans ses aspects secrets et ne détient pas les informations des chancelleries. Les chefs d’Etat sont les détenteurs institutionnels de ces secrets. Ils ont les moyens de comprendre et le temps de lire les clauses d’un traité international. Ils prennent des risques historiques Les citoyens,non !
Le "non" au référendum européen peut s’analyser comme cela : les citoyens français et hollandais n’ont pas voulu se mêler d’un domaine qui ne les concernait pas et ont compris qu’on mélangeait deux choses : un "traité international" de la responsabilité des chefs d’Etats, et une "constitution" qui relève de leur accord. Si on leur avait donné à approuver une constitution de dix lignes, ils auraient probablement dit "oui", mais un traité illisible de 500 pages que personne n’avait eu les temps de lire !
Les premiers à avoir proposé au peuple de se prononcer sur des textes qui ne relèvent pas du référendum : De Gaulle avec l’Algérie (il a impliqué les français dans sa forfaiture) et Rocard avec sur la Nouvelle-Calédonie ! 13 % de votants.
C’est donc un phénomène de dégénérescence du pouvoir en Europe que de demander aux peuples de se prononcer. Les chefs d’Etat ne font plus leur métier, ne prennent plus leurs responsabilités. Cela crée en Europe une "ambiance anxiogène", comme ont dit.
On ferait mieux de faire comme les suisses en matière de référendum : demander au gens de se prononcer sur des questions qu’ils connaissent ! Mais eux n’ont pas de politique étrangère.