Un QE ne peut pas alimenter l’économie réelle.
Pour les institutions financières cela représente une masse d’argent qu’il faudra rendre à terme. Mais là n’est pas le seul problème.
Imaginons que vous ayez l’habitude de faire 100 en chiffre d’affaire et 10 de bénéfice. D’un coup, la banque centrale vous prête 1000 sur trois ans à taux zéro.
Vous êtes super riche, mais il y a 2 soucis :
cet argent n’est pas à vous,
si vous faites des pertes, vu l’échelle à laquelle on vous donne accès, vous vous en remettrez difficilement, voire pas.
Car si vous perdez ne serait-ce que 10% à cause d’un investissement bancal, vous aurez dans 3 ans 100 de dette après avoir rendu les 900 que vous aurez sauvés, et uniquement votre situation nominale (qui vous rapporte 10 par an) pour vous refaire. Il vous faudra donc dix ans au pain sec et à l’eau pour vous en remettre.
En clair, l’argent massif et facile oblige les bénéficiaires à trouver du sûr pour y investir, donc ni du risqué ni du long terme.
L’économie réelle, qui s’inscrit dans le temps et qui dépend de l’aléa de la conjoncture, ne peut pas rivaliser ni avec des obligations de pays qui garantissent les taux parce qu’ils peuvent imprimer autant de billets qu’ils le souhaitent, ni avec des produits financiers apparemment garantis par les émetteurs.
Autrement dit, les banques centrales, en injectant des sommes considérables sur le marché, ne font que provoquer la création de promesses toujours plus intenables faites par des spéculateurs qui veulent attirer à eux les liquidités d’autres spéculateurs qui ont, comme expliqué, un besoin frénétique de faire des bénéfices ou, en tout cas, de ne pas perdre de l’argent. Car si cela arrive, les faillites réduisent les garanties qu’ils ont données à néant et provoquent d’autres faillites à la chaîne.
Croire que l’économie réelle a la moindre chance de bénéficier de ce cirque c’est un peu comme se persuader que pour améliorer le sort des pauvres il suffit d’enrichir les riches, et qu’à force cela va bien finir par avoir une répercussion positive !