Comprendre l’exécution du cheikh Nimr al-Nimr
5 janvier 2016 19:42, par Junius
Pour prolonger l’analyse de cette recrudescence de la rivalité Iran-Arabie/Chiite-sunnite, on peut également remonter au relatif regain d’influence régionale de l’Iran suite au renversement du régime de Saddam Hussein par l’intervention américaine.
L’Irak voit en effet au cours de l’année 2006 arrivé à sa tête un leader chiite (Nourik al-Maliki), et un bloc géographiquement continu de puissances chiites commence à paraître : la Syrie alaouite, l’Irak nouvellement gouverné par des chiites, l’Iran. Cet ascendant politique peut sans doute fournir une explication aux soulèvements de populations que connaissent actuellement le Bahreïn et certaines régions d’Arabie Saoudite (composés principalement de chiites), se sentant soutenues par un tiers extérieur.
L’organisation de l’Etat Islamique fut également créé en 2006, quelques mois après les élections en Irak qui ont porté au pouvoir l’alliance chiite, désignant les chiites comme l’ennemi principal - devenant ainsi un ennemi commun de l’EI et du régime saoudien - dans le but sans doute de déstabiliser et de disloquer cet arc chiite au Moyen-Orient au profit de l’Arabie Saoudite.
Comme le soulignait cet article, les différends entre sunnites et chiite sont en grande partie fabriqués et maquillent des intérêts géopolitiques et économiques. Cela dit, il se montre bien trop partisan en accablant uniquement l’Arabie Saoudite : l’Iran pourrait également trouver un gain à fédérer autour de lui les communautés chiites du Golfe, qui vivent en majorité sur les zones les plus riches en réserves de pétrole (on peut mentionner l’oasis d’Al-Hassa par exemple).