Sans doute l’idée de vengeance peut se défendre mais je préfère de loin le point de vue jungien sur la légende du Graal, exactement comme pour l’interprétation des contes de Grimm.
Dans cette perspective, Perceval orphelin de son père signifie que "l’esprit du temps", le principe intellectuel dominant le royaume (après l’an mille) est stérile ou mort. Dès cette époque l’Église ne répond plus à toutes les questions.
Cette idée est reprise avec l’image du "Roi Pêcheur" dont le royaume est malade et qui ne prend plus de poissons. La pêche est une représentation imagée de la relation entre la conscience et l’inconscient. Cette relation est coupée, en particulier parce que l’Église a interdit l’interprétation des rêves, en dépit de leur rôle évident dans la Bible. L’inconscient et les rêves ne peuvent plus enrichir ou compenser la conscience, comme c’est toujours le cas aujourd’hui.
La cérémonie du Graal représente sous une forme symbolique les différentes étapes qui conduisent au renouvèlement de "l’esprit du temps". C’est une transformation alchimique, une mort, une illumination et une renaissance. La lance qui saigne évoque la mort de l’esprit de famille du héros lui-même (Perceval). Cette mort conduit à l’irruption d’une nouvelle lumière, comme Descartes et ses rêves de la nuit de la Saint Martin. Ce processus conduit enfin au Graal... Bien sûr le Graal, plat ou calice, est un "récipient spirituel", c’est à dire une fonction nouvelle de nature spirituelle qui donnerait à Perceval une relation privilégiée avec la divinité.
La Quête du Graal est encore d’actualité, tant que la connexion vivifiante entre la conscience et l’inconscient n’est pas rétablie... Nouvelle mission pour les Perceval des temps modernes...
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