France Télévisions : l’enquête Bygmalion s’élargit
10 octobre 2014 22:04, par listenerToute cette histoire part d’une loi, celle du "financement de la vie politique", qui est en fait absurde et produit des effets pervers, notamment un phénomène de fonctionnarisation du personnel politique, car après tout, "qui paye commande". Si l’état paye, il commande.
Mais cette loi est assez bizarre car, pour une fois, la France est à contre courant de l’Amérique alors qu’elle s’évertue en général à la singer. En Amérique, l’argent coule à flot dans les campagnes et il ne viendrait à personne l’idée de s’en offusquer. Tout le monde s’en fiche. En France, au contraire, on pinaille et on scrute les comptes. En fait, c’est un accident de l’histoire, cette loi étant née de l’ahurissante affaire Urba Graco qui a fait apparaître une système parallèle d’extorsion de fonds très bien organisé en faveur de tous les partis politiques (sauf le Front National). Ils ont dit après la main sur le cœur : "on ne pouvait pas faire autrement" ! Mais tous les délinquants disent la même chose devant les tribunaux. Dans la panique, les partis politiques se sont drapés dans cette espèce de loi imbécile qui donne tout pouvoir à la haute administration constitutionnelle, et les hommes politiques se sont livrés pieds et poing liés à elle, (ils pensaient d’ailleurs qu’elle était arrangeante, voir Roland Dumas) mais, évidement , ils pensaient bien qu’elle n’était là que pour tromper les "veaux" comme disait De Gaulle, et qu’eux pourraient passer outre.
Ce qui est étrange, c’est que les vrais arguments ne sont pas utilisés : notamment les "fausses factures" de Bygmalion n’en sont pas vraiment puisque les prestations étaient vraies (peut-être un peu chères) mais le délit de faux, pour être constitué, doit avoir "causé un préjudice". Or Bygmalion a bien agi dans l’intérêt de ses actionnaires et les faux n’ont causé de préjudice à personne, ou très indirectement aux concurrents du candidat, mais d’une part il a perdu, et d’autre part, ce n’est pas l’affaire de Bygmalion. On doit plutôt parler de "chantage" ou d’extorsion de la part des donneurs d’ordre : "si vous ne mettez pas cela sur le compte du parti, on ne vous paye pas" ! Mais Bygmalion n’a rien fait de mal, en fait. Elle était sous pression. Les factures ne sont pas des faux. Tout cela est assez curieux et part de travers..