On pourrait également citer le cas des "mystérieuses" barges de Google, qui ont fait couler beaucoup d’encre complotiste de l’autre côté de l’Atlantique.
Derrière la vitrine libertarienne, superficiellement séduisante, on retrouve le délire nietzschéo-scientiste issu des oeuvres d’Ayn Rand, pseudo-philosophe très populaire aux USA, qui sert également de trame scénaristique à la série de jeux vidéo Bioshock. Je pense aussi à l’utopie solipsiste de la planète Solaria dans les romans d’Asimov.
Des élites entrepreunariales et financières aspirant à faire sécession de l’humanité et à rompre avec le passé dans tous les domaines constitutifs de l’anthropologie : l’économie, la politique, mais aussi - et surtout peut-être - l’ontologie et la biologie... Au fond, ces gens sont toujours animés par l’idéologie de la frontière, qu’il s’agit de repousser toujours plus loin jusqu’à conquérir l’ultime frontière - l’immortalité - grâce aux perspectives ouvertes par la génétique et le clonage.
Je leur trouve un côté fondamentalement inquiétant, à tous ces geeks à la fois immatures et prométhéens... Houellebecq décrit très bien dans "la possibilité d’une île" (titre o combien prémonitoire) le nihilisme mortifère promu par ces sectes californistes sous couvert d’anarcho-libertarisme et d’utopie scientifique.