Dans les faits la suppression de la condition de "détresse" ne change rien, en pratique les candidates à l’IVG n’ont pas à se justifier de leur situation.
Mais je trouve qu’il est dangereux à terme de supprimer dans l’esprit des gens que l’IVG puisse être pratiquée sans qu’il y ait "détresse". Parce qu’il n’est pas tant question de la détresse avant, que de la détresse après l’avortement. Or il s’agit bien de dénier le fait que l’IVG puisse être vécu comme une souffrance.
Cela va dans le sens de la déclaration de Belkacem : "L’IVG est un acte médical comme les autres". En toute logique il deviendra tabou et indécent de dire qu’une femme puisse souffrir et subir une grande détresse post-avortement, puisque ce n’est qu’un acte médical comme les autres, sans conséquences particulières. Et force est de constater que les voix de celles qui avertissent ou témoignent dans ce sens sont tues, quand elles ne sont pas insultées, voire accusées de "désinformer".
Puisque officiellement on admet qu’une femme puisse se faire avorter sans qu’il y ait détresse, pourquoi alors prêter une quelconque attention particulière aux éventuels troubles qu’elle pourrait rencontrer, avant ou après l’IVG ? Pourquoi devraient elles avoir besoin d’un soutien psychologique ad-hoc puisque c’est aussi anodin qu’un détartrage dentaire ?
En ce sens cela va bien dans le sens d’une régression et d’une banalisation. la prétendue "liberté" et "dignité" des femmes dont Belkacem nous rebat les oreilles est au contraire bafouée, sous couvert du contraire. Comme presque à chaque fois que l’on entend ces mots-là. Le message est clair : "tu ne vaux pas grand chose, et ce que tu portes dans ton ventre encore moins".