Lettre ouverte aux Bonnets rouges
30 novembre 2013 23:16, par Denis JaissonAyoub : « Il (Mélenchon) ne comprend pas (ou fait semblant de ne pas comprendre) que la lutte des classes a évolué depuis la fin du XIXème siècle, et que les petits patrons sont tout aussi précarisés que leurs employés par l’exploitation du capitalisme global »...
Mais Mélenchon n’a même pas l’excuse de ne pas avoir vu les choses changer ; elles n’ont pas tant changé que ça. Ce faux curé fait semblant de ne pas connaître ses classiques : Vladimir Ilitch Oulianov, par exemple. Celui-ci, dans ce petit livre si gênant pour le poupon Besancenot, qui a le culot de se réclamer de Lénine : « c’est que le petit propriétaire, le petit patron (...) qui, en régime capitaliste, subit une oppression continuelle et, très souvent, une aggravation terriblement forte et rapide de ses conditions d’existence et la ruine (...) Le petit bourgeois, "pris de rage" devant les horreurs du capitalisme, est un phénomène social propre, comme l’anarchisme, à tous les pays capitalistes » ("La maladie infantile du communisme - le gauchisme", 1920, www.marxists.org/francais/le...)
Les salariés de la classe moyenne se coifferont-ils du bonnet rouge ? C’est le souhait posthume de Henri Krasucki ; celui-ci était en avance sur son temps : « ce que les techniciens, les ingénieurs et les cadres ont à redouter du capitalisme leur devient de plus en plus clair (...) ils se rendent compte que c’est seulement avec l’ensemble des travailleurs qu’ils peuvent défendre leurs intérêts » ("Syndicats et lutte de classes", Editions sociales, 1969, p.55)
Je gage que Mélenchon connaît son Lénine sur le bout des doigts ; je gage qu’il ricane avec cynisme, en regardant les Bonnets rouges, car il se souvient aussi de ce que Lénine écrivait dans le même paragraphe, au sujet du dit petit propriétaire ou petit patron, qui : « passe facilement à un révolutionnarisme extrême, mais est incapable de faire preuve de fermeté, d’esprit d’organisation, de discipline et de constance. Le petit bourgeois, pris de rage devant les horreurs du capitalisme, est un phénomène social propre, comme l’anarchisme, à tous les pays capitalistes. L’instabilité de ce révolutionnarisme, sa stérilité, la propriété qu’il a de se changer rapidement en soumission, en apathie, en vaine fantaisie, et même en engouement enragé pour telle ou telle tendance bourgeoise à la mode »