Francis Cousin ne dit pas ça. Le travail ne s’est pas divisé. Il est d’abord apparu, puis il s’est divisé. Mais pour Francis Cousin, le problème réside uniquement dans son apparition. Francis Cousin veut sortir de la société marchande, même s’il était possible d’éviter la division du travail, l’exploitation des capitalistes, la spoliation des richesses, etc. Les richesses ont changé de nature depuis que le travail existe. Elles sont passées du stade concret au stade abstrait, même lorsque la production est la même. Autrement dit, un kilo de pomme de terre passe du stade concret au stade abstrait lorsqu’on se met à le produire avec du travail. Il ne faut pas comprendre le mot "travail" au sens d’activité humaine, comme dit Marx, au sens de dépense de muscles, de nerfs, et de cerveau. Il faut comprendre le travail comme la source de la valeur et de la marchandise, comme une activité qui produit en même temps deux choses différentes, un bien concret (les pommes de terre) qui n’est plus une richesse en tant que telle, et un chose abtraite (la valeur) qui est devenue la forme de richesse dans notre société, et pour laquelle tout le monde se bat. Pour Francis Cousin, il y a bien une crise, c’est-à-dire un blocage dans le mécanisme de valorisation de la valeur, qui est due au travail, et certainement pas à la spoliation des richesses par les plus riches. Même un humble paysan participe à développer cette crise lorsqu’il produit des légumes et qu’il va les vendre au marché. Je pense que l’auteur a mal compris les propos de Francis Cousin, qui sont effectivement dérivés de l’analyse marxienne de la marchandise. Mais Francis Cousin fait totalement, et volontairement, l’impasse sur toute la partie de l’oeuvre de Marx qui concerne les problèmes d’exploitation, d’inégalités dans la répartition des richesses. Il se concentre sur son concept de fétichisme de la valeur, comme d’autres penseurs contemporains qui estiment que c’est ce qui est le plus utile, dans l’oeuvre de Marx, pour comprendre le monde d’aujourd’hui.