Interview de Bachar el-Assad par Al-Manar
1er juillet 2013 00:29, par Le nouveauSi je dois reconnaître une certaine adresse et une certaine prestance à ce type durant cette interview, ainsi qu’un regard assez clair sur la situation (voilà qui m’a étonné, ses lieutenants sont d’une confusion confondante...), il m’attriste de voir une grande partie de ceux qui suivent E&R admirer sa personne.
Rien n’est tout noir ni tout blanc dans ce monde. Ce type règne sur une terre que sa dynastie a obtenue par la coercition et les faveurs communautaires. Dès le départ des français, ceux-ci se sont bien arrangés pour mettre au pouvoir les minorités religieuses qu’elles avaient sous leur botte. Ne prétendez pas faire de ce personnage le roi des insoumis, car il est le premier des vendus. Ne faites pas non plus des sunnites le diable sioniste. Bien d’entre eux se sont vus écartés de tous les postes de cadre dans ce pays, se sont vus entraver dans leurs libertés religieuses, se sont vus imposés les volontés de la classe dirigeante alaouite par le prix de leur sang. Qu’on vilipende les takfiristes venus d’ailleurs, je le comprends et le valide. Qu’on crache sur ceux qui jouent leur vie sur leurs terres, et qui pour cette raison sont bien au-dessus de nos gentilles discussions sur qui des israéliens ou des américains sont les plus méchants, ça par contre ça me dépasse. Bien qu’il soit réducteur de résumer ce conflit à l’éclatement de la rivalité chiite/sunnite, n’oublions pas que la réconciliation de la Oumma contre un ennemi commun a toujours l’argument favori des chiites, pour ensuite planter leur couteau dans le dos de ceux qu’ils avaient défendu (Hezbollah en 2009, personne ?). Maintenant qu’il est l’ennemi immédiat et que les rebelles sont près à toutes les alliances (l’argent n’a pas d’odeur, les armes n’ont pas d’étiquettes, les afghans l’ont très bien compris), on vient les taxer d’américanosionistes. N’ont de grâce à vos yeux que ceux qui abandonnent la réflexion motivée par des enjeux de survie, pour se lancer dans le combat chevaleresque et suicidaire face à un ennemi qui ne tue pas, ne peut pas être touché, mais contrôle le monde et le fait courir à sa perte ? C’est triste... Quand les idées sont celles d’intellectuels et n’engagent qu’eux, alors oui on peut se permettre d’affirmer ses positions et de vivre avec elles. Quand la réalité de la vie frappe à votre porte et que vous n’avez pas un certain éveil intellectuel, au demeurant exceptionnel en pareille situation, les armes deviennent du pain et les alliés des diamants.