Nico Hirtt : l’éducation nationale face aux directives européennes
4 juin 2013 00:26, par Nas
...suite (). Je ne suis pas acquis aux thèses pédagogiques mises en œuvre dans les récents programmes de Mathématiques. Je ne suis cependant pas complètement réfractaire à leurs dernières approches constructivistes. Je reste seulement perplexe quant à leur choix visant à ne garder que les notions jugées utiles à former les élèves aux métiers de demain. Dans ce paradigme, les Mathématiques n’existent que pour servir le concret et ne sont alors qu’un outil pour d’autres disciplines. J’aurais préféré qu’elles demeurent plus ou moins immanentes et que leur enseignement s’affranchisse un minimum des besoins économiques. J’aurais aimé qu’elles conservent toute l’abstraction qui les caractérise (au moins au lycée). Les nécessités du monde économique influencent les programmes plus qu’il ne convient (l’école est de moins en moins un lieu d’instruction. Elle devient de plus en plus un lieu de formation). Dans cette perspective, il m’est désagréable de penser que l’école forme des élèves pour entretenir la marche actuelle du monde ; j’aurais préféré qu’elle leur permette d’acquérir le potentiel de le changer. Si les contenus des cours sont tenus par les exigences des programmes, j’essaie parfois de mettre en place une activité péri-éducative dont l’objectif ambitieux est de communiquer aux élèves l’envie de faire des Mathématiques abstraites sans autre justification que le plaisir qu’elles procurent. Malheureusement, je rencontre ici un autre écueil : pour des raisons pratiques, horaires ou organisationnelles, tous les élèves ne peuvent pas participer à cet atelier. Ce sont souvent les plus aisés socialement qui arrivent à se dégager du temps. Je participe alors ainsi à creuser davantage le fossé social existant.
A lire : « L’enseignement de l’ignorance » de J. C. Michéa.