Il y avait longtemps que je n’avais pas écouté ce sketche. Je ne me rappelais pas à quel point Coluche pouvait parfois, peut-être sans en avoir conscience, faire le jeu des puissants. Sa vision du syndicalisme est extrêmement caricaturale, parce que uniquement basée sur les leaders syndicaux qu’on voyait à l’époque dans les médias. Ne prendre le sujet que sous cet angle, c’est oublier tous les militants qui font encore le boulot sur le terrain pour tenter d’endiguer la grande marée, qui subissent la pression et la répression patronale (licenciements, pressions, suspensions de salaires, etc.). Faire du syndicalisme, ce n’est pas seulement gueuler à la grève, c’est une lutte quotidienne âpre et difficile qui réclame beaucoup d’énergie, de courage et d’endurance. Pas mal y laissent des plumes, certains même se suicident, mais de ceux-là, les anonymes, on ne parle jamais, et les voilà dans le même sac que les autres. Que beaucoup révisent leur histoire. Qu’ils regardent d’où viennent leurs acquis sociaux, les protections dont ils jouissent encore un peu, les salaires minimum, etc. Quand ils verront à qui ils le doivent, ils auront peut-être un peu plus de respect. Ils restent aujourd’hui des militants syndicaux, des vrais, qui tentent de porter ce flambeau laissé par leurs prédécesseurs, anonymes ou non. Ils attendent qu’on vienne les aider.
A tous ceux qui luttent. Ils se reconnaîtront.