"Mais jamais la religion cosmique ne fut assaillie ainsi sauvagement. Les prophètes ont finalement réussi à évacuer la Nature de toute présence divine.
Des secteurs entiers du monde naturel – les « hauts-lieux », les pierres, les sources, les arbres, certaines récoltes, certaines fleurs – seront dénoncés comme « impurs », puisque souillés par le culte des divinités cananéennes de la fertilité.
La religion « pure » et sainte par excellence est seulement le désert, car c’est là qu’Israël resta fidèle à son Dieu."
"La désacralisation de la Nature, la dévalorisation de l’activité cultuelle, bref le rejet violent et total de la religiosité cosmique, et surtout l’importance décisive accordée à la régénération spirituelle de l’individu par le retour définitif à Yahvé, étaient la réponse des prophètes aux crises historiques qui menaçaient l’existence même des deux royaumes
juifs.
Leur danger état considérable et immédiat. La « joie de vivre », solidaire de toute religion cosmique, était non seulement une apostasie, elle était illusoire, condamnée à disparaître dans l’imminente catastrophe nationale.
Les formes traditionnelles de la religion cosmique, i.e. le mystère de la fertilité, la solidarité dialectique entre la religion cosmique encourageait l’illusion que la vie ne cesse pas de continuer, et donc que la nation et l’Etat peuvent survivre, en dépit de la gravité des crises historiques."
"Aussi, est-il vrai que dire que les Hébreux furent les premiers à découvrir la signification de l’histoire comme épiphanie de Dieu, et cette conception, comme on devait s’y attendre, fut reprise et amplifiée par le christianisme."
Mircea Eliade, "Histoire des croyances et des idées religieuses" p.368, 369, 370.