Aix-en-Provence, le 17 avril. Conférence de Marion Sigaut programmée dans l’amphithéâtre A. Depuis deux heures avant le début programmé, une meute pittoresque s’amasse munie de grilles pour bloquer l’accès et de ce fait interdire, au nom de la liberté d’expression sans doute, cet exposé strictement apolitique au demeurant, sur un sujet d’histoire qui se passe sous l’Ancien Régime. La malheureuse conférencière a commis le sacrilège de placer un fond fleurdelisé sur ses affichettes. Elle est donc immédiatement démontrée, de ce fait, appartenir à l’Action Française. A ce niveau d’ignorance et d’inculture il paraît difficile de pouvoir dialoguer. Nous avons là simplement l’expression d’une sottise arrogante. Mais l’opération, est-elle seulement due à l’émoi de quelques étudiants, et peut-être non étudiants pour certains, ou s’agit-il d’un échelon qui vient d’être franchi dans la censure totalitariste qui semble de moins en moins être réprimée ? Deux heures de tentatives de dialogue avec les meneurs me font m’interroger sur les possibilités de communiquer, et craindre que la communication venant de tels individus se borne à une affirmation tribale de violence envers quiconque n’est pas conforme à leurs désirs. Marion Sigaut a cependant pu tenir sa première conférence dans le maquis : dans le parc voisin. Nous y étions d’ailleurs très bien. Une question doit toutefois être posée : cette action est-elle un incident qui restera sans lendemain ? Quand un groupuscule tourne en rond sur lui-même il se radicalise en s’excitant, et cela pourrait peut-être mener à des récidives de telles actions, à une montée en violence regrettable. Il faut de toute façon assurer la sécurité physique de Marion, non seulement pour l’excellence de son travail, mais parce qu’il est hors de question de laisser quelques nervis brider la liberté d’expression dans quelque mesure que ce soit. Bravo encore à Marion pour sa dignité et son courage.
Denis