Dans les grandes entreprises, la connaissance et la maîtrise de la langue française ne sont pas valorisées, c’est même le contraire. Rédiger des courriers, soigner ses phrases, surveiller l’orthographe... passe souvent pour être une perte de temps (donc d’argent) et la marque d’un esprit laborieux et tatillon ("tu fais du surqualitatif").
A l’inverse, un petit con hyperlabile et inculte capable de cliquer 999000000 de fois en une heure et de torcher des courriers remplis de fautes à base de copier/coller est un "salarié multi-tâches", un "natif du numérique", un "rapide".
Ma mère, modeste secrétaire qui a quitté l’école à 16 ans, a passé les dernières années de sa carrière à corriger et reprendre les courriers de jeunes cadres et de commerciaux qui venaient sans honte lui confier une partie de leur travail qu’ils considéraient comme subsidiaire voire inutile (pas de plus-value).
La hiérarchie, consciente de ces pratiques, a réagi en diffusant un mail à l’ironie bien calibrée rappelant à tous les collaborateurs que Word intégrait un "puissant correcteur orthographique".