C’est aut’chose que le Luchini quand il s’essaye au même exercice. Le ton populaire et naturel de M. Simon et d’Arletty rend ces mots plus vivants que jamais. Au début, et malgré la facilité d’accès apparente des textes, j’trouvais la lecture de Céline réservée aux initiés ptis bourgeois cultureux qui se détournent du La rochefoucauld de la bibliothèque familiale par crainte que l’on démasque leur généalogie de parvenus ; ou encore j’l’imaginais réservée à ceux qui s’cachent derriere un livre pour écouter par curiosité le petit peuple parler sans être contraints d’approcher son haleine de crève la dalle ou de désespéré (c’est l’inverse du cinéma hollywoodien qui montre tout ce qui brille à la populasse pour l’en rassasier, l’en blaser sans qu’elle n’eut jamais l’opportunité d’y toucher -> catharsis retournée). J’pensais ça car les lignes de Céline ont l’apparence du langage parlé mais sont tout au contraire un écrit des plus travaillés, très loin de la prose maladroite des miens, des petites gens. J’trouvais sa lecture paradoxalement ésotérique. J’voyais ça comme l’effort d’un peintre qui se demene à réaliser non sans viruosité un clair-obscur digne du Caravage avec une brosse à chiotte. J’étais à côté de la plaque. Avec le tps, j’accroche de plus en plus au style célinien. Faut croire que j’ai été initié sans m’en rendre compte, progressivement.