C’est vraiment l’auteur qui m’a réconcilier avec la littérature que je trouvais sans grand intérêt. Il fait sentir et comprendre tellement de choses fondamentales sur la vie et la société. La soumission comme modèle et comme vertu félicitée (la scène du certificat d’étude et le comportement du père en société de manière générale). L’impossibilité pour les gens de comprendre qu’ils vivent une vie aliénante (prisonniers de leurs crédits, conditionnés à une existence médiocre) et leur auto-soumission et celle de leur propre descendance à cette condition....
Bref, pas étonnant que ce livre n’ait pas plu du tout aux bourgeois qui idéalisaient la vie et les valeurs du peuple (sans doute parce que ça devait être confortable de les croire heureux et volontaire dans la soumission et le travail). Il y aurait un peu le même genre de réaction aujourd’hui avec les bobo bien-pensants, pro-immigrationniste et immigrés, si un immigré brillant venait à écrire un livre faisant un portrait sans concession sur la réalité et les plus bas-fond de l’immigration (prostitution, squattes, vol, violence, appauvrissement, destruction du tissu économique de leurs pays d’origine et famines causées par l’ouverture de toutes les frontières au libre échange).