Les transformations silencieuses contre la gouvernance par le chaos
17 octobre 2012 14:19, par RobespierreTrès bon article développant de façon intéressante le principe du « Penser globalement, agir localement ».
La plus hideuse des passions selon Sénèque est la colère. Le premier point consiste donc à se ressaisir de la raison et de nous-même. Se révolter, c’est déjà cela. Ne pas se laisser entraîner dans le flot diluvien des émotions fabriquées que l’on instille dans le corps social afin de le faire réagir, de capter son énergie et de l’utiliser.
Alors que tout nous pousse vers l’accumulation de biens, rapidement obsolètes, tandis que la consommation des antidépresseurs et autres anxiolytiques augmente, ne visons à garder que ce qui nous libère au lieu de nous asservir. Le superflu nous entrave. Les choses inutiles nous avilissent comme l’avait bien saisi Diogène qui cherchait un Homme.
La lutte romantico-révolutionnaire, le pavé dans une main et le cocktail-molotov dans l’autre, s’abîmerait dans l’échec face à des forces de l’ordre rompues à l’affrontement physique. Mais les forces de l’ordre ne sont que les pantins du pouvoir dont la principale manifestation réside dans la diffusion du discours qu’il tient sur ce qu’il prétend être l’ordre de la réalité. Instruisons-nous, échangeons au lieu de nous laisser dérober du temps « libre » par le divertissement spectaculaire, toujours prêt à nous anesthésier, et recouvrons par la même notre capacité à passer au crible de l’esprit la représentation du monde qui nous est assénée.
L’auteur de cet article a raison. Si le logos nous fournit une capacité de lutte, il nécessite un vecteur adapté. L’Art de la guerre commence par une anecdote au cours de laquelle il est démontré que la discipline est nécessaire. Discipline à s’imposer d’abord à soi-même en refusant nos renoncements. Et l’ouvrage poursuit en rappelant que manœuvrer consiste à leurrer l’ennemi. Résister, aujourd’hui, ce n’est pas incendier des postes de police comme le pouvoir s’y attendrait. C’est s’éduquer pour s’affranchir de la rhétorique adverse et lui opposer une construction plus logique et nuancée du monde, loin de la fragmentation à laquelle on désire nous soumettre : Merah, saut en parachute, people, racisme bien intentionné, résultats sportifs...
Résister c’est donc se reconnaître entre hommes avides de liberté et reconstruire une cohérence sociale et discursive face à un système qui ne rêve que de consommateurs isolés, motivés par la pulsion purement égoïste de la rivalité narcissique. L’exact opposé de l’animal social aristotélicien.