Blaise Pascal par Henri Guillemin
20 septembre 2012 09:47, par Marion Sigaut
Guillemin est un historien non seulement remarquable mais également attachant. J’aime ce qu’il fait, la façon dont il le fait, et la comparaison que l’on fait parfois entre lui et moi me flatte.
Mais je ne suis pas d’accord avec lui dans son analyse du jansénisme et des Provinciales.
S’il avait su du jansénisme ce que j’en ai découvert, il n’aurait pas tenu de tels propos. Henri Guillemin était un humaniste, il aimait profondément son prochain et le message évangélique d’amour universel, je ne l’imagine pas cautionner des horreurs du genre « On plaît à Dieu par la pensée, par la parole, par l’action et par la souffrance... » de Saint-Cyran, ou l’abominable « Je connais le danger de la santé et les avantages de la maladie… ne me plaignez point, la maladie est l’état naturel des chrétiens, parce qu’on est par là comme on devrait être toujours… dans la privation de tous les biens et les plaisirs des sens, exempt de toutes les passions… et n’est-ce pas un grand bonheur quand on est par nécessité dans un état où on est obligé d’être ? »
Pascal a abondamment calomnié les jésuites auxquels il a reproché leur indulgence (deux siècles plus tard on leur reprochera le contraire) et il n’a reculé devant aucun mensonge pour les discréditer, en leur attribuant notamment les abus de la casuistique même quand ils y étaient étrangers. Blaise Pascal est grandement responsable de l’image désastreuse qui circule sur les jésuites, ses Provinciales ont été une arme redoutable de diffamation.
Henri Guillemin a le droit de se tromper, et je n’ai pas de peine à imaginer que s’il avait su ce que je sais (notamment sur la vivisection des chiens et l’éducation des enfants à Port-Royal et, plus tard, sur ce qui se passait à l’hôpital général, entre autres), il aurait révisé son jugement.
Je crois que Guillemin se trompe, et simplement parce qu’il n’avait pas certains élements. Et ça ne retire rien à l’estime que j’ai pour son travail.