Gilad Atzmon : « Le Capitalisme et les juifs » de Milton Friedman, revisité
4 juillet 2012 02:15, par TremahA lire les commentaires on dirait que E&R est fréquenté par des libéraux pur jus. Curieux.
En tout cas les arguments sont toujours les mêmes. On prend des airs pédagogues, on étale sa pseudo-science économique, on explique sans humour que, non, depuis 30 ans, le paradigme économique n’a pas été du tout libéral et monétariste au prétexte que les méthodes minarchistes préconisées par Friedman ou Hayek n’ont jamais été intégralement appliquées (même pas au Chili ?) comme si l’économie était d’ailleurs réductible à des macro-mathématiques abstraites et objectivement déterminées. En gros, libéral n’est jamais suffisamment libéral : argument bien pratique pour échapper à la critique. Quand quelque chose fait défaut ou ne fonctionne pas dans une économie libérale, on pointe systématiquement du doigt les incompétences de l’Etat et celles du peuple : le Marché, lui, parfait, abstrait, situé au-delà des hommes, ne peut souffrir la moindre critique.
Et à l’instar d’un Friedman qui manipulait le paradoxe en véritable virtuose intellectuel, on impute sans ciller la crise continue que traverse l’économie occidentale depuis 30 ans à la persévération même de l’Etat Providence, des contraintes dirigistes, du keynesianisme, du socialisme, de la charité chrétienne et j’en passe, alors même que les Etats n’ont jamais été historiquement plus affaiblis, au point d’ailleurs que certains, dont Soral, commencent à théoriser leur éclatement à plus ou moins brève échéance, et que, globalement, des politiques d’orientation libérale ou ultralibérale ont été appliquées à peu près partout durant la même période.
Ironiquement, les communistes vivant dans le déni de réalité apportaient une explication similaire quant à l’écroulement de l’U.R.S.S et à l’échec du collectivisme intégral. Il était de bon ton d’expliquer que Marx avait conceptualisé le développement du communisme dans une société industrielle et urbanisée (l’Angleterre du XIXème) alors que la Russie était encore un pays essentiellement agricole au tournant du XXème siècle, dépourvue d’une classe ouvrière structurée. Bref, le communisme, c’était pas le communisme.
Et les eurocrates procèdent encore de la même arnaque intellectuelle pour expliquer l’échec de l’Europe et les raisons de la crise de la dette : pas assez d’Europe !
Libéralisme, communisme, européisme : mêmes recettes, mêmes effets.
Désolé, mais le réel est têtu, et on ne peut pas se protéger éternellement du retour du concret par le dévoiement des mots...