Pourquoi l’Irlande est à genoux ?
24 juin 2012 21:38, par NicolasIl faudrait commencer par le commencement, c’est-à-dire se demander ce qui a fait le succès puis la déroute du "tigre irlandais", tellement vanté depuis son adhésion à l’UE pour sa croissance exceptionnelle. Comme son voisin islandais, l’Irlande a dans un premier temps bénéficié du financement des banques anglaises auxquelles l’Irlande doit son "financial center" qui a été la plaque tournante des émissions de produits dérivés basés sur l’immobilier dont les actifs étaient composés des prêts financés par les banques européennes, notamment espagnoles et allemandes, qui bénéficiaient des bas taux d’intérêts pratiqués par la BCE. Dans le même temps, les bas coups de main d’oeuvre irlandais attiraient les groupes américains qui se servaient de l’Irlande comme d’une tête de pont pour accéder au Marché unique européen. Sans le financement des infrastructures par les fonds de de développement européen et les crédits financés par les établissements financiers anglais et européens, l’Irlande ne serait jamais sorti de son état de sous-développement chronique où l’avait laissé moisir l’Angleterre, faisant fuir les élites vers les Etats-unis et le Continent. Le problème de l’Irlande est maintenant de trouver une alternative au financement par la dette bancaire qui l’emprisonne dans des activités moribondes comme l’immobilier et les services financiers dérivés qui n’ont pas survécu à la crise du crédit. Comme son voisin irlandais, un moratoire pourrait être proclamé sur la dette bancaire, mais cela ne résoudra pas le problème de la reprise à laquelle il manque une locomotive. L’ajustement des coûts de main d’oeuvre avec ceux de la zone euro a fait perdre son avantage compétitif à l’Irlande et avec lui les industries qui sont parties s’implanter en Chine. La solution passe peut-être par l’intégration à un nouvel espace économique porteur dont on ne discerne pas pour le moment la formation. L’Ecosse s’en est sortie avec les revenus du pétrole, à tel point qu’elle envisage de quitter l’union britannique. Dans le cas irlandais, on ne voit pas bien quels seraient les atouts à faire valoir en termes d’avantages compétitifs, si ce n’est revenir comme l’Islande à un développement autarcique fondé sur les activités traditionnelles comme la pêche et l’agriculture pour tous, hors des quotas de l’UE et avec la titrisation en plus qui redémarre en Islande. Sinon il reste les monastères...