La zone euro est aujourd’hui à deux doigts de retomber dans la récession. Les Etats ont de plus en plus de difficulté à se refinancer. Et la seule solution que les dirigeants européens actuels envisagent est toujours plus d’austérité, comme l’illustre le nouveau pacte de stabilité.
Le suicide économique de la zone euro
Bien sûr, les soubresauts des marchés dictent l’actualité depuis deux ans. Bien sûr, on ne cesse de nous seriner que les Etats ont trop dépensé. Pourtant, un pays comme l’Espagne avait un excédent budgétaire avant la crise, et une dette de moins de 40% du PIB. En outre, c’est bien la crise financière qui a largement contribué aux déséquilibres actuels. Enfin, la privatisation de la création monétaire joue un rôle considérable dans le niveau de la dette, comme le rappelle André-Jacques Holbecq.
Paul Krugman, nous avait pourtant averti il y a 18 mois en faisant le parallèle avec les politiques menées par le président Hoover de 1929 à 1932 et qui avaient privilégié les équilibres financiers au détriment de la croissance et l’emploi, envoyant 25% de la population étasunienne au chômage, avant d’être balayé par Franklin Roosevelt. L’austérité ne fait qu’aggraver le mal car ce qui est gagné d’un côté est perdu de l’autre en recettes de moins et en dépenses de plus.
Comme un parfum d’Athènes
En effet, la direction que nous prenons aujourd’hui est exactement celle qu’a suivi la Grèce depuis deux ans. Cela est malheureusement logique puisque ce sont les dirigeants européens qui lui ont demander de mener ces politiques d’austérité sauvages, qui n’ont abouti qu’à un effondrement de la croissance et une envolée du chômage qui compensent en grande partie tous les efforts faits par le peuple grec. Et dire que quelques imbéciles disent que l’austérité assurera la croissance !
Dans ce cadre, le nouveau pacte de stabilité est aussi révoltant que risible. Risible car le précédent a été foulé aux pieds par une Allemagne qui n’est pas toujours très respectueuse des principes qu’elle demande à mettre en place, comme le rappelle Coralie Delaume. Révoltant, car il soumettrait les budgets européens à l’accord des pays de la zone euro avant les parlements nationaux. Ce faisant, nous pourrions aller encore plus loin que ce qui est déjà en examen aujourd’hui.
Une alternative existe
Aujourd’hui, aussi surprenant soit-il, la priorité ne doit pas être la réduction des déficits ou de la dette car les politiques d’austérité ne feront qu’en augmenter le poids en provoquer une nouvelle récession économique qui annulera automatiquement une grande partie des efforts faits. La première des priorités doit être de relancer la croissance et lutter contre le chômage de masse. Ainsi, nous pourrons sortir de la crise par le faut et non nous enfermer dans une dépression mortifère.
Naturellement, il faut revenir aux monnaies nationales, la gestion d’une monnaie unique étant totalement impossible et ayant des effets pervers colossaux. Ensuite, pour assurer le refinancement de la dette et financer un plan de relance de l’économie, il faut permettre à la Banque de France de monétiser et mettre fin à la loi de 1973. Bien évidemment, il faudra radicalement réformer la finance, sans doute en s’inspirant des propositions du 100% money de Christian Gomez.
Il est proprement hallucinant que les pays européens s’enferment dans des politiques comparables à celle qu’ils ont imposé à la Grèce devant l’échec patent de leur potion amère. C’est à croire que pour sauver l’euro, ils sont prêts à tout, même au suicide économique.