Un entretien pour Rivarol que vous retrouverez en kiosque entre le 11 novembre et le 18 novembre 2020.
La présentation de l’entretien :
L’historien et géopolitologue Youssef Hindi, auteur de plusieurs ouvrages, annonce la parution, en janvier 2021, d’un livre sur Éric Zemmour, « L’Autre Zemmour », dont une version courte et gratuite est d’ores et déjà disponible sur un site internet dédié : lautrezemmour.fr.
L’auteur a accepté de répondre à nos questions autour de la version courte de « L’Autre Zemmour ».
Rivarol : Au début de votre ouvrage, vous évoquez la tribu Zemmour, une tribu de brigands, et les frères Zemour, les fameux mafieux qui ont sévi en France dans les années 1970. Est-ce éthique de reprocher à Zemmour ses liens de parenté avec des brigands et des gangsters ?
Youssef Hindi : Je suis d’abord un chercheur, et j’applique à mes sujets d’étude la même méthode. Je remonte la généalogie des religions, des idées, des concepts, des peuples et des individus. Je ne vois pas pourquoi Éric Zemmour ferait exception à ma règle méthodologique. J’ai donc logiquement, en guise de chapitre introductif de mon livre, retracé sa généalogie.
J’ai pu ainsi constater que ses laudateurs « nationalistes » ont moyennement apprécié d’apprendre que leur champion est issu d’une confédération de tribus connue au début du XXe siècle par ses actes d’hostilité et de brigandage entre l’Algérie et le Maroc [1]. Je peux comprendre aisément le malaise des patriotes français qui se reconnaissent dans le discours de Zemmour, d’autant plus quand ils découvrent que les Frères Zemour, escrocs et proxénètes [2] célèbres dans les années 1970, sont de la même famille qu’Éric Zemmour, celui qui n’a de cesse, sans doute à raison, de pointer du doigt les délinquants afro-maghrébins. L’honnêteté intellectuelle commande à Zemmour de parler également des mafieux, des trafiquants d’organes [3] et des grands prédateurs financiers internationaux [4] de sa communauté qui appauvrissent des peuples entiers. Or il s’en garde bien.
Certains ont du mal à croire à cette surprenante filiation ; pourtant elle est confirmée par le premier intéressé. Durant l’émission On n’est pas couché du 19 mars 2011, on demande à Éric Zemmour si il a un lien de parenté avec les Frères Zemour, ce à quoi il répond :
« Quand j’étais petit, mon grand-père m’a expliqué que leur père était un petit cousin de mon grand-père. » [5]
Je ne reproche en aucun cas à Éric Zemmour ses origines peu enviables. Je ne défends pas la conception tribaliste archaïque de certains, qui attribuent aux enfants les mérites et les fautes des pères… sur plusieurs générations. Mais je trouve tout de même cocasse et ironique qu’une certaine « extrême droite » racialiste se soit choisi un tel représentant. Il faut tout de même dire, à leur décharge, qu’ils n’ont pas véritablement eu le choix. C’est l’oligarchie détentrice des médias qui a fait d’un descendant d’une tribu de brigands du Maghreb le porte-parole médiatique et officiel des « patriotes » français.
Vous affirmez que Zemmour est protégé par le système. Pouvez-vous préciser ce que recouvre ce « système » et l’intérêt qu’il aurait à promouvoir et à défendre Éric Zemmour ?
Depuis une dizaine d’années, Éric Zemmour est omniprésent dans les médias, et depuis 2019, le système qu’il « combat » le surmédiatise comme jamais. Il est désormais à la télévision presque tous les soirs.
Ceux qui promeuvent Zemmour ne sont en aucun cas des patriotes français et encore moins des nationalistes. Les principaux patrons d’Éric Zemmour, ceux qui le soutiennent, le protègent et le rémunèrent, sont des milliardaires, patrons de presse et de groupes médias comme Dassault (famille à la tête d’une industrie de l’armement, propriétaire du Figaro qui emploie Zemmour depuis 1996), Vincent Bolloré (milliardaire, ami de Sarkozy et actionnaire majoritaire de Vivendi et du groupe Canal +), Serge Nedjar (le patron de CNEWS) et Maxime Saada (président du directoire du groupe Canal +).
L’intérêt pour les puissances d’argent de promouvoir Zemmour est simple à comprendre. Dans la période de crise économique, sociale et de régime que traverse la France, l’objectif premier de l’oligarchie est de conjurer (au sens de détourner) la révolte populaire qui met directement en danger le pouvoir. Pour ce faire, le système applique la stratégie que Lénine a formulée ainsi :
« Le meilleur moyen de contrôler l’opposition est de la diriger nous-même. »
Le discours du représentant de cette opposition contrôlée, Éric Zemmour, consiste à faire un focal sur une partie des problèmes – immigration incontrôlée, terrorisme, délinquance – sans remonter à la cause et aux coupables premiers, et en occultant ou en amoindrissant le désastre économique et social du système de libre-échange, de la finance et de l’Union européenne. Ainsi, selon Zemmour, « la vraie raison du Brexit c’est l’immigration » [6], ce n’est pas le dumping social dont l’immigration est l’outil, ce n’est pas la désindustrialisation causée par la politique économique thatchérienne. De plus, depuis 2015 (le Brexit a été voté en juin 2016), le premier groupe d’immigrés en Grande-Bretagne sont les Polonais, désormais plus nombreux que les Indiens [7].
La question identitaire est au moins aussi importante que la question économique, mais le problème migratoire est un sous-produit de la globalisation économique. Par conséquent, on ne peut régler la question identitaire sans s’occuper des causes économiques en amont. C’est ce que ne peuvent pas comprendre les bourgeois de droite, mais que la France périphérique, la France réelle, a compris. Question de rapport à la réalité.
Éric Zemmour parle-t-il de la dette publique qui permet à des banques internationales de rançonner la France et de nous appauvrir tous massivement ?
Non.
Le 18 septembre 2020, dans un édito du Figaro [8], Éric Zemmour a eu du mal à cacher sa joie quant à ce qu’il qualifiait de « fin de partie pour les Gilets jaunes »,« vaincus, dit-il, par l’extrême gauche et les voyous de banlieues ». Si le constat est juste et évident, son observation est à courte vue. Zemmour donne là un jugement définitif sur un mouvement de révolte qui ne fait en réalité que commencer. Ce que révèle son édito, c’est la satisfaction de voir – mais il s’illusionne – s’éteindre une révolte sociale qui contredit tout son discours de guerre civile ethnique. Je rappelle que le mouvement des Gilets jaunes a démarré deux mois après la parution de son livre Destin français, ce qui a freiné les ventes [9] malgré une publicité massive. La raison en est que les Gilets jaunes, outre le fait qu’ils monopolisaient l’attention, mettaient, par leur simple existence, en échec la propagande néoconservatrice de guerre civile raciale. Une guerre civile à laquelle tiennent tant Gilles-William Goldnadel et Meyer Habib.
Le premier a appelé, sur CNEWS le 21 octobre 2020, à « venger Samuel Paty » [10] (sur qui doit s’exercer cette vengeance puisque l’assassin a été tué par la police ?), et le deuxième s’exprimait ainsi le 29/10/2020 à 11h51 sur Twitter :
« Les islamistes se déchaînent avant le confinement ! Après Nice, Avignon quoi encore aujourd’hui ?? Stop aux minutes de silence, bougies et fleurs ! Je répète, il faut s’inspirer des méthodes israéliennes ! Agissons ! »
Vous reprochez à Éric Zemmour de vouloir greffer le judaïsme à l’histoire de France. N’est-ce pas une preuve de l’attachement de Zemmour à la France que d’y chercher ses racines spécifiques en tant qu’immigré ?
Si Éric Zemmour pensait vraiment ce qu’il disait sur « les racines hébraïques de la France », pourquoi n’en a-t-il pas dit un seul mot avant son livre Destin français paru en 2018 ?
C’est une erreur de croire qu’Éric Zemmour est un penseur et un idéologue autonome qui élabore seul son discours et sa stratégie. Il n’est pas le premier à faire de la propagande sur les prétendues « origines hébraïques de la France » ; il est même le dernier de la mouvance juive pro-israélienne à le faire.
En 2016, Bernard-Henri Lévy publie un livre, L’Esprit du judaïsme, dont la thèse est que les juifs ont cofondé la France. D’après BHL la « source hébraïque » constitue les « tréfonds de la mémoire de la France » [11].
L’année suivante, le 3 janvier 2017 dans les colonnes de Valeurs actuelles [12], Gilles-William Goldnadel parlait du « lien historique sacré entre Paris et Jérusalem, Saint Louis et David, la France chrétienne et l’État juif. » [13]
À la suite de BHL et de Goldnadel, Zemmour ira jusqu’à titrer un des chapitres de son livre Saint Louis, le roi juif, et écrira :
« La France catholique et la France républicaine unies dans un même combat pour la grandeur éternelle d’une France messianique et civilisatrice. Ces Frances sont en vérité une seule et même France, celle qui s’était parée avec Saint Louis des atours du peuple élu. » [14]
Il s’agit là d’une contrefaçon historique. La République s’est fondée dans une opposition radicale et sanglante à la France catholique et monarchique. C’est une rupture historique, idéologique et certainement pas une union. Je renvoie sur le sujet à mon ouvrage, La Mystique de la laïcité (Sigest, 2017).
Je rappellerai aussi au passage que le roi Saint Louis, loin de se parer des atours du peuple juif, a fait brûler de nombreux exemplaires du Talmud sur la place de Grève en 1242, notamment à cause de ce que ce texte fondamental du judaïsme dit de la Vierge Marie et du Christ (j’y reviendrai en détails dans la version longue de L’Autre Zemmour).
Quand Zemmour parle, toujours dans son livre Destin français, de « La synthèse française des racines juives, chrétiennes, grecques et romaines », il contredit non seulement l’historien Jacques Bainville dont il se réclame, mais aussi le général de Gaulle qu’il cite sans arrêt. Charles de Gaulle définissait ainsi l’identité française :
« Nous sommes avant tout un peuple de race blanche, de religion chrétienne et de culture gréco-romaine ».
Ni Bainville, ni de Gaulle, ni aucun historien sérieux ne parlent du judaïsme comme composante de l’histoire et de l’identité françaises.
À vous lire, Éric Zemmour ne serait pas un patriote français sincère. Pouvez-vous le démontrer ?
Je ne prétends pas sonder les cœurs et les reins. Éric Zemmour aime sans doute la France, mais je ne sais pas de quelle façon. Peut-être que son coreligionnaire, Raphaël Enthoven, en sait plus que moi, puisque Zemmour ne l’a pas contredit lorsqu’il lui a lancé lors de leur débat sur CNEWS :
« Vous avez un rapport artificiel à la France… Vous aimez la France comme un homme tombe amoureux d’une belle femme… Mais vous serez déçu. » [15]
Je m’en tiens aux faits et aux écrits. Mon livre fait la démonstration que Zemmour n’œuvre pas dans l’intérêt de la France et ne s’attaque pas aux ennemis de la nation. Comment pourrait-il s’en prendre à ceux qui ont détruit la France alors que ses patrons et ses camarades font partie de cette caste, ce bloc élitaire. C’est le temps qui me donnera raison ou tort. Et nous serons très bientôt fixés.
D’ailleurs, je le dis depuis quelque temps, Éric Zemmour et ses camarades néoconservateurs – Philippe de Villiers et son frère Pierre, Michel Onfray et consorts – travaillent déjà à la réélection d’Emmanuel Macron. Un Macron transfiguré, un Macron néoconservateur qu’on nous présentera comme néo-souverainiste. Et l’argument de Zemmour sera le suivant : « J’ai été finalement entendu, le réel a donné raison à mon discours, et je me réjouis de voir le Président y adhérer… »
N’oubliez pas que Zemmour a fait campagne pour Nicolas Sarkozy en 2007 (ces deux-là se connaissent depuis près de 30 ans et se tutoient). Zemmour présentait alors aux Français le candidat Sarkozy comme un « social-bonapartiste ». Ainsi, Éric Zemmour écrivait le 8 février 2007 dans Le Figaro :
« Lors de son discours d’intronisation de la porte de Versailles, Nicolas Sarkozy adopta une posture bonapartiste mêlant traditionnellement l’autorité, la patrie et le social. Les socialistes en furent fort décontenancés. Adieu Bush, bonjour de Gaulle ! Les socialistes attendaient Madelin, ce fut Séguin qui vint. Ils avaient déjà écrit leur diatribe contre « Sarko l’Américain » ; ils se retrouvaient face à l’héritier des Croisades et de Valmy. » [16]
Nous avons vu ensuite Sarkozy à l’œuvre : ni bonapartisme, ni politique sociale, ni gaullisme, ni seguinisme. Zemmour, connaissant personnellement Sarkozy, savait à quoi s’attendre et a menti aux Français. Ces derniers ont eu droit, durant le mandat de Sarkozy, à la soumission aux États-Unis, à Israël, le début du détricotage des acquis sociaux, le passage en force de la Constitution européenne qu’ils avaient rejetée en 2005, la guerre contre la Libye avec le déferlement migratoire qu’elle a entraîné, l’intensification de l’implantation en France des Frères musulmans et du Qatar qui les finance, le renflouement des banques avec l’argent du contribuable, etc.
Zemmour joue un jeu d’équilibriste. Discours sans filtre et politiquement incorrect pour ameuter les électeurs et les amener en douceur vers le candidat du système oligarchique qui rémunère grassement l’éditorialiste.
Si l’extrême droite qui acclame Zemmour s’imagine qu’elle récoltera quelques miettes, elle connaîtra une grave déconvenue.
Vous êtes un immigré musulman, comment vous situez-vous par rapport à la France ? D’où parlez-vous ?
D’où je parle ? Je suis amazigh (berbère), musulman, né au Maroc. Je suis venu en France très jeune, j’ai passé toute mon enfance dans des écoles catholiques (de la maternelle jusqu’au collège). J’ai ensuite passé mon adolescence et le reste de mes années de collégien en banlieue parisienne.
Je suis le résultat de l’interconnexion de deux cultures, marocaine et française. Mais il n’y a là rien de nouveau, je me situe, comme d’autres, dans un continuum historique. Les liens culturels entre les deux versants de la Méditerranée remontent à l’Antiquité. L’ancien Maroc, la Maurétanie (le pays des Maures), et ce qu’on appelle aujourd’hui l’Algérie et la Tunisie, la Numidie, entretenaient déjà dans l’Antiquité des relations culturelles et politiques avec la Grèce et Rome. Le roi numide (berbère) Massinissa (238 av. J-C. – 148 av. J.-C.) recevait des philosophes grecs à sa cour, les Romains s’étaient alliés à lui durant la deuxième guerre punique contre les Carthaginois qui avaient Hannibal à leur tête. Le petit-fils de Massinissa, Jugurtha, mena une guerre d’indépendance féroce contre les Romains, et il finit, en 104 av. J.-C., dans une geôle à Rome. Pour la petite histoire, Vercingétorix connaîtra le même destin que Jugurtha, près de 50 ans plus tard, et sera enfermé dans la même « cellule » que le roi guerrier numide.
Le philosophe platonicien Lucius Apuleius (IIe siècle av. J.-C.) était un berbère. Le général et empereur romain Septime Sevère, qui régna de 193 à 211, était un berbère né en Libye. L’empereur romain Macrin (IIIe siècle), ancien chevalier et préfet du prétoire, était quant à lui un berbère Maure. Un des Pères de l’Église occidentale, Saint Augustin, était numide, né en 354 à Tagasthe (une ville numide de l’actuelle Algérie). Saint Cyprien de Carthage, un autre père de l’Église, était lui aussi un berbère.
Ces liens historiques et civilisationnels n’ont jamais été éclipsés, même après l’avènement de l’islam. Bien au contraire. On parle sans cesse des guerres qui ont opposé chrétienté et islam, mais on oublie les innombrables alliances comme on a oublié l’alliance et la mission diplomatique entre Charlemagne et le Calife Harun ar-Rachid.
Comme je le disais plus haut, dans l’Antiquité, avant le christianisme et l’islam, il y avait déjà ces rapports politico-militaires, tantôt paisibles, tantôt conflictuels. Mais sur le plan culturel, il n’y a pas eu de variations. La civilisation et la culture – qui se développent sur le temps long – surplombent toujours le politique et le militaire (le temps court).
Je ne prône donc pas l’artificielle et superficielle assimilation chère à Éric Zemmour – et que Laurent Ozon qualifie, à raison, de « métissage vu de droite, autoritaire ». Je prône le maintien ou le rétablissement de ces ponts culturels et civilisationnels, plutôt qu’un double discours consistant à me présenter, à l’instar de Zemmour et Jean Messiha, comme un assimilé français donnant des leçons de francité (et des leçons de théologie islamique dont ils ignorent tout) aux Français pour les pousser dans une guerre contre tel ou tel groupe ethno-religieux. Ce n’est pas ma démarche. Je m’inscris dans cette histoire de longue durée brièvement exposée dans ces lignes.
Mais pour que les choses soient bien claires, une des conditions du maintien de ces ponts et de la paix civile en France est le contrôle rigoureux et l’inversion graduelle des flux migratoires qui doivent aller de pair avec l’arrêt des interventions militaires en Afrique et au Proche-Orient pour le compte d’Israël et des États-Unis. L’immigration étant un des outils stratégiques du Choc des civilisations, du projet de guerre civile planétaire dont j’ai retracé la généalogie dans un de mes livres : Occident et Islam – Tome 1 : Sources et genèse messianiques du sionisme. De l’Europe médiévale au Choc des civilisations (Sigest, 2015).
Selon vous pourquoi personne d’autre que vous n’évoque les liens que vous évoquez entre les « ennemis de l’islamisme » (Valls, Sarkozy) et les sponsors de l’islamisme, à savoir l’Arabie saoudite et le Qatar ?
Il y a plusieurs raisons à cela. La principale cause est la connivence dans le milieu politico-médiatique qui empêche le peuple français de prendre connaissance des liens financiers entre les dirigeants de cette République, qui n’ont à la bouche que « la lutte contre l’islamisme », et les pétromonarchies wahhabites qui sont les pourvoyeuses idéologiques et financiers du terrorisme.
Qui se souvient que Manuel Valls – qui prétend aujourd’hui avoir désigné l’ennemi, l’islamisme – a passé un contrat d’armement, en octobre 2015, avec l’Arabie saoudite à hauteur de 10 milliards d’euros [17] quand ce socialiste franco-espagnol était Premier ministre ? C’était un mois avant les attentats meurtriers du 13 novembre 2015.
Je rappelle notamment dans mon livre L’Autre Zemmour que quelques jours après ces attentats, le Premier ministre Manuel Valls déclarait, en contradiction totale avec la réalité des faits, que le Qatar et l’Arabie saoudite, qui selon lui combattaient Daech, étaient déterminés à lutter contre le terrorisme.
Le 5 mars 2016, l’Exécutif français remettait la légion d’honneur au ministre de l’Intérieur saoudien, Mohammed ben Nayef – une légion d’honneur attribuée en toute discrétion avant que l’information ne fuite dans la presse [18].
Une décoration assumée par Manuel Valls qui expliquait sur RMC :
« Nous avons une relation stratégique avec l’Arabie saoudite : il faut l’assumer ! … Nous avons cette relation avec l’Arabie saoudite et parfois il faut souligner cet engagement. » [19]
Parallèlement, le Qatar, grand promoteur du terrorisme et acteur de la destruction de la Libye et de la Syrie, offrait, via son ambassade en France, des montres Rolex aux hommes politiques français : montres à 6 000 euros pour les députés et montres à 80 000 euros pour les ministres. Ces représentants du peuple français se voyaient également offrir des bons d’achat dans des grands magasins.
Le grand reporter Christian Chesnot rapporte ainsi :
« Pour certains hommes politiques, pour certains élus, pas tous, l’ambassade du Qatar, c’était tout à la fois un distributeur de billets de 500 euros, une agence de voyages, et la boutique du Père Noël. C’est-à-dire que, pendant plusieurs années, jusqu’à aujourd’hui, le Qatar reçoit des sollicitations (…) des demandes de subventions pour financer une mosquée, une école, une association. Et puis il y a des hommes politiques qui sont vraiment à l’offensive, qui vraiment demandent de l’argent. » [20]
Le président néoconservateur et anti musulman Nicolas Sarkozy, qui a été en pointe dans la guerre contre la Libye, fut remercié après avoir quitté l’Élysée. Il a été rémunéré 100 000 euros par le Qatar pour une conférence de 45 minutes qu’il a donnée le 6 décembre 2014 à Doha (Qatar) [21].
Ce système de corruption explique également pourquoi les dirigeants français ont laissé la voie libre aux réseaux d’influence des Frères musulmans (financés par le Qatar) et des saoudo-wahhabites, lesquels se sont implantés en France et endoctrinent une partie de la jeunesse musulmane avec le blanc-seing de l’État français.
On a donc des responsables politiques partageant les vues de Zemmour, à l’exemple de Sarkozy, qui ont reçu des sommes d’argent considérables et des cadeaux de la part d’un pays parrain du terrorisme, le Qatar.
On touche là à toute l’ambiguïté des acteurs politico-médiatiques toujours prompts à s’attaquer à la religion musulmane et aux musulmans de France, tout en étant acoquinés – ou complices par leur silence – aux régimes promoteurs idéologiques et financiers du terrorisme international.
Mais je ne suis plus le seul à le dire. Dans le cadre de l’actuelle guerre politico-idéologique opposant les néoconservateurs au pouvoir et ceux qu’ils appellent les « islamo-gauchistes » (La France insoumise, Edwy Plenel et d’autres), ces derniers reprennent mes arguments. Par exemple, David Guiraud de La France insoumise répondait ainsi sur CNEWS il y a quelques semaines à Manuel Valls qui accusait le parti de Mélenchon d’être islamo-gauchiste :
« Manuel Valls c’est lui qui en 2015 a signé 10 milliards de contrat avec l’Arabie saoudite. Donc c’est lui qui a des comptes à rendre, pas moi… Quand on arme un pays comme l’Arabie saoudite, ne vous étonnez-pas qu’il y ait un renforcement de ce genre de réseaux terroristes. » [22]
Le 28 octobre 2020 [23], lors d’un entretien avec le rédacteur en chef de Faits & Documents, Xavier Poussard, nous évoquions la duplicité d’Élisabeth Badinter. La milliardaire féministe juive expliquait à la suite des récents attentats que « cela ne peut plus se régler dans le pacifisme » [24], appelant donc à la guerre civile ; or, Publicis, dont elle est la propriétaire, travaille à améliorer l’image de l’Arabie saoudite en France.
Cette information à été reprise le 1er novembre dernier par Mediapart qui publiait un article titré Islamisme : les impostures d’Élisabeth Badinter :
« La philosophe multiplie les déclarations contre ‘‘l’islamisme politique, celui qui tue’’ mais arrondit son immense fortune avec le pays qui en est le berceau, puisque Publicis, le groupe dont elle est la première actionnaire, est sous contrat avec l’Arabie saoudite… Publicis tire de gigantesques revenus de ses contrats conclus avec le régime d’Arabie saoudite pour redorer son image, régime qui est précisément l’un des creusets de cet ‘‘islamisme politique, celui qui tue’’. » [25]
Cela fait des années que j’écris tout cela, que je pointe du doigt et analyse la nature de cette alliance des réseaux pro-israéliens, de l’État hébreu, des néoconservateurs américains et français, des pétromonarchies wahhabites et des terroristes qu’ils stipendient. Je le fais car ces réseaux et ces puissances sont les ennemis du genre humain et de la France.
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La version courte et gratuite du livre est disponible en PDF sur le site dédié !