Je n’ai jamais mis d’espoir en la Russie. À la limite je choisirais plutôt l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, le Japon, le Brésil. Pourquoi ? Même si par exemple en Inde l’espoir politique est nul les gens sont heureux de travailler à n’importe quoi de technique qui fasse progresser un peu le monde ne serait-ce que l’informatique ou la perma-culture.
En Russie c’est nyet : le seul moyen de survie est de travailler dans des secteurs fondés sur la pure prédation et sur la malveillance, bien plus assurément qu’à Naples et à Palerme. Les Russes qui émigrent un peu partout se faire une vie meilleure transportent partout les mêmes vibrations de cynisme et de désespoir dont Tchékhov et Dostoievsky parlent chacun à leur manière. Je lis un peu le russe et je corresponds avec des amis vk. C’est un mal enraciné du genre qui va prendre plus de temps à se résorber qu’il n’en faudrait pour le Nigéria de devenir net et riche comme la Suisse. Même Soljénitsyne c’est un dépressif clinique.
Quand un pays communie dans un tel cynisme, quand tout le monde vous parle naturellement comme un troll internet ayant pour mission de vous faire péter les plombs, n’espérez pas que ce pays ait un leader plus inspirant qu’un agent du KGB qui continue à mentir et à séduire des idiots utiles, si grands que soient ses efforts personnels pour exercer ses vertus stoïciennes et son talent échiquéen.
Les Français que je vois mettre leurs espoirs en la Russie de Poutine (ou en sa jumelle l’Amérique sudiste et western de Trump) sont après tout les petits fils de ceux qui crurent en Staline le plus longtemps que faire se put : il est alors temps de se poser des questions sur soi au lieu de fuir dans une autre mythologie. Arrêtez de peindre des espoirs sur les rideaux de fer de l’autre côté desquels vous ne pourrez jamais aller vérifier. La plupart des intellectuels russes qui tentent de lever la tête hors de leur panade sont ultra-mondialistes utopistes, pas à la Klaus Schwab mais quand même genre Singapour, et qui créent des langues synthétiques mi-anglaises mi-chinoises.
Quant au Covid l’explication est bien simple : Poutine et les siens ont cru bon le plus longtemps possible nier l’existence d’une épidémie (dont je reconnais qu’elle est une arme bactériologique) et faire accroire qu’ils avaient jugulé la maladie, or ils ont glissé un demi-million de morts sous le tapis selon l’habitude bien russe, et maintenant ça ne marche plus, d’où le brusque retournement de veste.