Ce samedi 12 mai avait lieu le concours de l’Eurovision, qui a vu le sacre dans les derniers instants de l’Ukraine, au nez et à la barbe de la Russie pourtant grande favorite. C’est une chanson engagée sur la déportation des Tatars de Crimée par l’URSS qui a été couronnée. Une victoire « politique », dénoncent les Russes qui menacent de boycotter le prochain concours.
« Pour moi cela signifie (…) que l’histoire des Tatars de Crimée a été entendue, que l’histoire de l’Ukraine a été entendue, que la douleur a été entendue. »
Non, la Russie n’a pas quitté la Crimée annexée il y a deux ans, et il ne s’agit pas non plus du discours d’un officiel ukrainien. Ces mots sont signés de Jamala, chanteuse ukrainienne de 32 ans, qui participait ce samedi 12 mai au 61ème concours de l’Eurovision. Avec sa chanson 1944, un hommage aux Tatars de Crimée (dont sa propre grand-mère) déportés par Staline cette année-là, elle remporte la compétition devant… l’Australie et la Russie, pourtant grande favorite. Scandale à Moscou, où l’on dénonce une victoire « politique », appelant au boycott pour l’année prochaine.
« Ce n’est pas la chanteuse ukrainienne Jamala et sa chanson 1944 qui ont remporté l’Eurovision 2016, c’est la politique qui a battu l’art », a ainsi déploré le sénateur russe, Frantz Klintsevitch, à l’origine de l’idée du boycott.
Il faut dire que le champion national Sergueï Lazarev avait la faveur des pronostics avant le début de la compétition. D’ailleurs, il est celui qui a recueilli le plus de voix du public. Insuffisant toutefois pour rattraper l’écart avec l’Ukraine qui a été le deuxième pays le plus plébiscité par les jurys nationaux, dont ceux de l’ex-URSS comme l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Lettonie, la Lituanie et la Moldavie. D’où cette impression de « bataille politique » que des Russes peuvent ressentir.
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Grâce à la victoire de Jamala, l’Ukraine accueillera l’Eurovision l’année prochaine. À ce propos et en guise de remerciement, la chanteuse a dit ceci : « Merci l’Europe – Bienvenue en Ukraine ! » Reste à savoir si la Russie acceptera l’invitation.