5 ans durant l’ancien chef de l’Etat a oublié qu’il n’était qu’un simple citoyen comme tout le monde… 5 ans durant il a multiplié les frasques, les scandales, les alliances assassines … A-t-il seulement une seule fois pensé que tout comme son mentor Jacques Chirac un jour sa toute-puissance prendrait fin ?
Depuis vendredi minuit, l’ex président français est redevenu un justiciable ordinaire et la justice risque ben de lui poser quelques petites questions sur nombre de sujet ambiguës… Privé de son immunité présidentielle il est dorénavant exposé à d’éventuelles poursuites ou à une audition comme témoin dans plusieurs affaires, comme le dossier Bettencourt.
L’article 67 de la Constitution stipule que le président de la République ne peut durant son mandat « être requis de témoigner » ni « faire l’objet d’une action, d’un acte d’information, d’instruction ou de poursuite ». Cette interdiction est levée un mois après la cessation de ses fonctions, soit vendredi à minuit dans le cas de Nicolas Sarkozy.
L’affaire Bettencourt en premier
A partir de ce moment, l’ancien président de 57 ans peut répondre aux convocations des magistrats enquêtant sur des affaires où son nom est cité. Les premiers à vouloir l’entendre pourraient être les juges bordelais qui instruisent l’affaire Bettencourt, dont l’un des volets porte sur des soupçons de financement illégal de sa campagne électorale de 2007.
Depuis l’incarcération, le 23 mars, de Patrice de Maistre, l’ex-conseiller financier de Liliane Bettencourt, ce volet politique semble concentrer l’attention des juges qui ont organisé, avant le 15 juin, une série de confrontations clé. A l’annonce du troisième refus de mise en liberté de leur client début juin, les avocats de l’ex-conseiller financier avaient d’ailleurs pointé, à mots couverts, le « timing » de ces confrontations, juste avant la fin de l’immunité présidentielle.
Mais Bettencourt ne serait pas la seule source de financement de sa campagne de 2007, laquelle proviendrait aussi de côté libyen.
La controverse née entre les deux tours de la publication d’un document attribué à un ex-homme de confiance du colonel Kadhafi, faisant état d’un « accord de principe » conclu en 2006 avec Tripoli pour apporter à la campagne du candidat Sarkozy 50 millions d’euros.
Nicolas Sarkozy a parlé d’« infamie » et porté plainte pour « faux » et « publication de fausses nouvelles » contre Mediapart. Lequel a riposté en déposant une plainte en dénonciation calomnieuse contre le président sortant. Aucune enquête judiciaire n’est cependant en cours sur le fond de ce dossier.
Affaire Karachi
Les juges enquêtent sur un éventuel financement occulte de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995, par le biais de rétrocommissions présumées versées dans le cadre de contrats d’armement, mises en lumière dans l’enquête sur l’attentat de Karachi (Pakistan) du 8 mai 2002.
Nicolas Sarkozy était en 1995 ministre du Budget et porte-parole de campagne d’Edouard Balladur mais « il y a beaucoup d’investigations à réaliser avant son éventuelle audition » par les enquêteurs, estime un avocat interrogé par l’AFP sous couvert d’anonymat.
« Le cœur de l’enquête, c’est François Léotard - alors ministre de la Défense - Balladur et le financement du Parti républicain », selon cet avocat qui ne juge pas « urgente » l’audition de l’ex-président. Dans ce dossier, comme dans l’affaire Bettencourt, Nicolas Sarkozy a démenti toute irrégularité.
Chirac, le premier à être rattrapé par les affaires
Enfin, il est possible que l’affaire dite des sondages de l’Elysée, visant une convention signée entre l’Elysée et le cabinet d’études Publifact, dirigé par Patrick Buisson, un proche de Nicolas Sarkozy, rebondisse après la levée de l’immunité présidentielle qui, en novembre 2011, avait fait barrage à l’enquête. Jacques Chirac avait été le premier chef d’Etat français rattrapé par ses démêlés judiciaires après son mandat.
Cité dans une demi-douzaine d’affaires, il avait été entendu comme témoin dans quelques-unes, la première fois deux mois après son départ de l’Elysée, le 19 juillet 2007. Dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, il avait été condamné à deux ans de prison avec sursis, le 15 décembre 2011 et n’a pas fait appel.
Et l’affaire Merah ?
Celle-ci risque, si les faits sont avérés de faire très mal… Car beaucoup d’analystes ont mis en avant la théorie du complot sordide aux vues purement électoralistes.
Le scandale n’en n’est qu’à ses débuts et ses répercussions ont toutes les chances d’avoir l’effet tsunami dans les mois qui suivent…