Le Financial Times de Londres souligne que le nom de Gul (NDLR : le général Hamid Gul, fut directeur des services de renseignements pakistanais, l’ISI, de 1987 jusqu’à sa retraite en 1989) apparaît dans 10 pages sur environ 180 dossiers confidentiels étasuniens prétendant que le service de renseignements pakistanais a soutenu des militants afghans dans leurs combats contres des forces de l’OTAN.
Gul a affirmé au journal que les États-Unis ont perdu la guerre en Afghanistan et que la fuite des documents aiderait l’administration Obama à détourner le blâme en suggérant que le Pakistan en était responsable. « Je suis un des boucs émissaires favoris des États-Unis. Ils ne peuvent pas s’imaginer que les Afghans puissent gagner des guerres seuls. Ce serait une honte impitoyable qu’un général de 74 ans à la retraite, manipulant les moudjahidines, engendre la défaite des États-Unis », a confié Gul au quotidien.
En outre, dans une entrevue accordée à UPI le 26 septembre 2001, deux semaines après les attaques du 11 septembre, en réponse à la question « qui a orchestré le 11 septembre noir ? », Gul a déclaré : « Le Mossad et ses complices. Les États-Unis dépensent 40 milliards de dollars annuellement pour leurs 11 services de renseignements. Cela signifie 400 milliards en 10 ans.
Pourtant, l’administration Bush dit qu’elle a été prise par surprise. Je n’y crois pas. Dix minutes après que la deuxième tour du World Trade Center a été touchée, CNN a annoncé qu’Oussama ben Laden était responsable. C’était un coup de désinformation planifié par les vrais auteurs […] ». Gul n’est visiblement pas très aimé à Washington. Il affirme que ses demandes de visas pour le Royaume-Uni et les États-Unis ont été refusées à maintes reprises. Faire de Gul l’ennemi juré ferait bien l’affaire de certains à Washington.
Qui est Julian Assange ?
Le fondateur et « rédacteur en chef » de Wikileaks, Julian Assange, est un mystérieux Australien de 39 ans, à propos duquel on connaît peu de choses. Il est soudainement devenu une personnalité très en vue en offrant de négocier les fuites avec la Maison-Blanche. À la suite des dernières révélations, Assange a avoué à "Der Spiegel", l’un des trois médias avec lesquels il a partagé les récentes fuites, que les documents qu’il avait déterrés « changeraient non seulement notre perspective de la guerre en Afghanistan, mais aussi celle de toute les guerres modernes ».
Au cours de la même entrevue, il a affirmé : « J’aime écraser les salops. » Pourtant, si l’on observe de près sa position affichée sur l’une des questions les plus controversées des dernières décennies, à savoir les forces cachées derrière les attaques du 11 septembre sur le Pentagone et le World Trade Center, il se montre curieusement du même avis que l’ordre établi.
Lorsque le Belfast Telegraph l’a interviewé le 19 juillet, il a déclaré : « Chaque fois que des personnes en position de pouvoir font des plans en secret, ils fomentent une conspiration. Il y a donc des conspirations partout. Il existe aussi des théories de conspirations délirantes. Il est important de ne pas confondre les deux […] » Qu’en est-il du 11 septembre ? : « Cela m’agace constamment que les gens soient distraits par de fausses conspirations comme celles entourant le 11 septembre, alors que nous fournissons des preuves de réelles conspirations concernant la guerre et la fraude financière. » Et qu’en est-il des conférences de Bilderberg ? : « En ce qui a trait au réseautage, c’est vaguement collusoire. Nous avons publié leurs comptes rendus de réunion.
Provenant d’une personne s’étant bâti une réputation d’anti-élite, une telle déclaration est plus que digne de mention. Comme l’on témoigné des milliers de physiciens, d’ingénieurs, de militaires chevronnés et de pilotes de ligne, l’idée que des Arabes à peine entrainés, armés de couteaux polyvalents puissent détourner quatre avions de ligne étasuniens et exécuter les frappes pratiquement impossibles contre les tours jumelles et le Pentagone en l’espace de 93 minutes sans une seule interception aérienne du NORAD dépasse l’entendement. Il incombe à une véritable enquête internationale et impartiale de trouver qui, précisément, a livré cette attaque professionnelle.
En contrepoids au désaveu catégorique de M. Assange concernant toute conspiration sinistre sur le 11 septembre, il convient de mentionner la déclaration de l’ancien sénateur étasunien Bob Graham, président du Select Committee on Intelligence du Sénat étasunien lors de l’enquête conjointe sur le 11 septembre. En entrevue à la BBC, il a déclaré : « Je peux seulement affirmer qu’il y a trop de secrets entourant le 11 septembre, c’est-à-dire qu’il y a des informations auxquelles le public n’a pas accès et qui apporteraient des réponses crédibles, tangibles et spécifiques. Le refus de divulguer ces secrets a érodé la confiance des Étasuniens en leur gouvernement, car ces informations sont liées à leur propre sécurité. » Le narrateur de la BBC : « Le sénateur Graham a découvert que le camouflage menait au cœur de l’administration. » Bob graham : « J’ai contacté la Maison-Blanche et j’ai parlé à Mme Rice et je lui ai dit : " Écoutez, on nous a dit que l’on coopérerait avec nous dans cette enquête." Elle a dit qu’elle y verrait, et il ne s’est rien passé. »
Certes, l’administration Bush a été en mesure d’utiliser les attentats du 11 septembre pour lancer sa guerre au terrorisme en Afghanistan et ensuite en Irak, un point que M. Assange omet convenablement.
Pour sa part, le général Gul prétend que le renseignement étasunien a orchestré la fuite de Wikileaks sur l’Afghanistan pour trouver un bouc émissaire à blâmer : lui-même.
À point nommé, comme si cela était prémédité, le premier ministre conservateur britannique David Cameron, en visite en Inde, a fustigé le Pakistan pour son soi-disant rôle de soutien aux talibans en Afghanistan, donnant opportunément davantage de crédibilité à l’histoire de Wikileaks. La véritable histoire de Wikileaks, elle, n’a pas encore été révélée.