Un employé d’une grande librairie française dont nous tairons le nom s’est vu convoqué par sa hiérarchie après avoir mis en avant l’ouvrage "Comprendre l’Empire" d’Alain Soral.
En effet, dans le cadre de ses activités professionnelles, l’employé avait aussi pour mission de "mettre en avant des ouvrages de son choix en vente dans la librairie" voire de constituer des "tables thématiques" c’est-à-dire, dans le jargon interne à la chaîne, des tables où se voient regroupés des ouvrages par thème ou par auteur, au choix et à la bienveillance du salarié.
Bien mal lui prit de conseiller le dernier opus d’Alain Soral, "Comprendre l’Empire", mis en exergue par ses soins sur le présentoir : "Ce livre, je le comprends et le conseille comme une grille de lecture des rapports de forces et des réseaux de pouvoirs qui sont à l’oeuvre dans le processus de gouvernance mondiale", nous dit-il, "processus qui n’est pas une projection délirante issue de la « théorie du complot », mais un fait d’actualité politique tout à fait admis. C’est un ouvrage critique, pédagogique. C’est un essai, c’est-à-dire un outil. A ma connaissance, l’ouvrage ne fait l’objet d’aucune procédure judiciaire".
C’était sans compter sur la dénonciation d’un client qui écrivit derechef à la chaîne en question pour se plaindre d’une telle publicité pour un ouvrage considéré par cette bonne âme comme bien trop sulfureux. Inapproprié aurait dit Bill Clinton.
"Prosélytisme !" répondit à l’employé zélé la hiérarchie qui regretta que soit mis en avant un livre "aux idées extrémistes" dans un magasin qui ne peut se permettre de soutenir un ouvrage aussi engagé et idéologiquement mal-pensant. Sans toutefois ne voir aucun problème à le vendre et même à le bien vendre, puisqu’on tira peu après cette aventure le 40.000ème exemplaire...
L’affaire étant encore fraîche et les procédures suivant leur cours, nous vous tiendrons informés du sort de cet employé et des recours qu’il envisagera de porter devant les prud’hommes pour ce qu’il considère comme une injustice. Car, en effet, les étals du magasin, saturés des ouvrages "engagés" de Bernard-Henri Lévy ou autre Caroline Fourest, démontrent bien que l’exigence de neutralité dont se pare la chaîne n’est en réalité qu’une exigence de frilosité, pour ne pas dire de soumission.