Dans l’hypothèse d’un scandale comme celui qui connait actuellement François Fillon, un mouvement comme En Marche ! aurait beaucoup plus de difficultés à se relever. En effet, la vacuité idéologique du mouvement peut laisser penser que Macron laisserait un vide difficilement remplaçable.
Si les révélations du « PenelopeGate » ont suffi à déstabiliser la candidature de François Fillon, peut être en raison de l’absence d’une structure idéologique forte, quel parallèle peut on dresser avec Emmanuel Macron ? Dans le cas hypothétique que le candidat En marche ! venait à être emporté par une quelconque affaire, que resterait il de son mouvement ?
Virginie Martin : Il est difficile de prédire ce qu’il pourrait se produire dans le cas d’une affaire de la sorte même si en ce moment un « MacronGate » se dessine. Un livre qui vient de sortir révèlerait que les frais de bouche de Bercy auraient été utilisés à 80 % par Emmanuel Macron pour – visiblement – préparer la création de son mouvement En Marche !. Si cela s’avère il est vrai que c’est un détournement de mission en quelque sorte ; d’autant que son parti a été créé dès février 2016. Pour autant, les vents lui sont favorables en ce moment et il faudrait certainement quelque chose de plus important pour réellement déstabiliser sa campagne.
D’autant plus que En Marche ! fonctionne bien tant il est porté par les médias, hyper-marketé, avec à la clef storytelling et « unes » de magazine sur sa vie privée.
Il est aussi à supposer bien sûr que le programme soit très benchmarké et Emmanuel Macron aura attendu que tous les autres dévoilent leur programme pour réellement dévoiler le sien. C’est une stratégie politique finement menée. C’est presque un parti qui est idéal typique de la comparaison que fait l’histoire Michel Offerlé quand il dit qu’une organisation politique est une entreprise avec stratégie et parts de marché à gagner. Un mouvement politique propose généralement une vision du monde, là, tout le monde semble s’y retrouver pour deux raisons : d’une part car l’idéologie reste incertaine et structurée autour de la personne de Macron mais aussi car Emmanuel Macron – le parti – est le résultat d’une protestation, d’un ras le bol vis-à-vis des autres partis politiques. Dans l’hypothèse que vous posez, si un vrai scandale venait à s’abattre sur lui, la seule solution serait de lui trouver un remplaçant. Est-ce que le pouvoir d’ En Marche ! est polarisé sur Macron ou est-ce que ceux qui l’entourent qui l’ont désigné comme leader l’ont ? C’est la vraie question. Est-ce qu’il ne serait pas d’une certaine manière irremplaçable ?