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Mais où est donc passé l’ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch ? Les services de renseignement, des centaines de politiciens et d’experts de nombreux pays, ainsi que des millions d’Ukrainiens se cassaient la tête lundi pour tenter de répondre à cette question.
Après tout, il ne pouvait pas simplement disparaître. C’est un homme politique connu. Et une question plutôt logique vient à l’esprit : ne serait-il pas caché par ceux qui sont les maîtres dans l’art de brouiller les pistes, c’est-à-dire les Américains, écrit mardi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
A l’issue des négociations de plusieurs heures entre le président ukrainien et l’opposition, en présence des ministres des Affaires étrangères allemand, français et polonais le 21 février, il a été étrange de voir la facilité avec laquelle Ianoukovitch avait brandi le drapeau blanc et signé un accord que personne sauf lui ne semblait avoir l’intention de respecter. Par ailleurs, il était évident que les principaux "garants" de ce document n’étaient pas les diplomates européens mais leurs homologues américains.
Ianoukovitch aurait forcément continué à résister s’il n’avait pas reçu des garanties de sécurité conséquentes pour lui, sa famille et son entourage proche. Qui pouvait fournir de telles garanties dans la situation ukrainienne actuelle ? Il ne peut s’agir que de Washington qui, comme en témoignent les événements récents à Kiev, s’avère être l’"éminence grise" du Maïdan.
On peut comprendre les Américains. Ils n’ont pas besoin de Ianoukovitch : ils veulent l’Ukraine. Sachant que Washington souhaite forcément d’éviter la répétition du massacre sanglant du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi dans un État européen. En d’autres termes, le département d’État pouvait donner à Ianoukovitch toutes les garanties de sécurité pour le faire disparaître de la scène politique ukrainienne. Et les Américains sont très doués pour faire disparaître. Il suffirait de rappeler l’histoire avec des prisons volantes de la CIA.
"Ianoukovitch ne se cache pas sur les sites ou les navires de la flotte de la mer Noire de la marine russe", a déclaré aux journalistes lundi une source militaire informée. Plus tôt, certains médias ukrainiens pensaient que le président ukrainien se trouvait à Sébastopol, dans la baie des Cosaques, où est déployée une brigade d’infanterie de marine de la flotte de la mer Noire. Puis il a été annoncé qu’Ianoukovitch était à Kharkov mais il n’y a pas été retrouvé. Aurait-il fui en direction du Golfe ? Cette information a été également démentie par les autorités des États arabes.
Selon des informations officieuses, le président ukrainien aurait même renoncé à sa protection personnelle. Indéniablement, il est plus facile de disparaître sans son service de sécurité qu’avec.
Alors où est donc passé Ianoukovitch ? Un avis de recherche contre lui a été lancé à Kiev mais les individus qui ont pris le pouvoir dans la capitale ukrainienne devraient probablement poser cette question à l’ambassadeur américain, qui devient une figure de plus en plus importante sur l’Olympe politique de l’Ukraine "indépendante".
Mais il y a peu de chances qu’il leur dise la vérité. Pourquoi se mettrait-il à faire des confidences à ceux qui sont de toute façon prêts à suivre "sans broncher" toutes les "recommandations" de Washington, qui ont tout l’air d’être des ordres ?
Voir aussi, sur E&R : « Libye : le général Hilfer, la CIA et le coup d’État d’opérette »
