Casse-tête à tous les niveaux. La Libye est aujourd’hui l’unique sujet de la réunion de ses pays frontaliers. Objectif affiché : permettre au gouvernement d’union nationale de Fayez el-Sarraj d’être adoubé par le Parlement de Tobrouk, de s’installer à Tripoli et de se mettre au travail. Voilà pour l’intitulé de l’équation que devront résoudre l’Algérie, la Tunisie, le Tchad, le Niger, le Soudan et l’Égypte, ainsi que des pays occidentaux présents dans l’ombre.
L’Union européenne, l’ONU, via son haut représentant Martin Kobler, et la Ligue arabe sont également de la réunion. Lundi, les experts ont œuvré, débroussaillé les dossiers pour laisser la place ce mardi aux ministres des Affaires étrangères. Aux politiques de décider, de favoriser une issue diplomatique. Plusieurs diplos, pour qui la guerre est toujours un échec, estiment depuis plusieurs mois qu’une « intervention s’impose ».
Intense activité terroriste dans la région
Pour sa part, le tandem algéro-tunisien est sur la même longueur d’onde : éviter une intervention militaire qui risquerait d’éparpiller la situation libyenne dans toute la région déjà sérieusement malmenée par le terrorisme.
En 72 heures, un site gazier algérien, celui de Krechba (In Salah, 1 300 km au sud d’Alger), a été la cible de tirs de roquettes entraînant le retrait progressif du personnel des entreprises BP et Statoil. Aqmi a revendiqué et demande aux musulmans de « ne plus fréquenter les étrangers ». La crainte d’un In Amenas bis (40 morts en janvier 2013) explique cette décision. En Tunisie, on a recensé trois incidents durant le week-end. Vendredi soir, c’est le poste frontalier de la délégation de Sakiet Sidi Youssef, dans le gouvernorat du Kef, qui a subi une tentative d’attaque. Samedi et dimanche, le mont Djebel Semmama a connu des accrochages entre militaires et hommes armés. Puis, dimanche, les forces de sécurité ont mené un nouvel assaut à proximité de Ben Guerdane, à Sayah. Onze blessés, un terroriste tué. Une activité terroriste d’une ampleur inouïe pour la Tunisie. Du nord-ouest au sud-est en passant par le centre, des groupes ont agi, frappé. Au Sinaï, treize policiers ont été tués dimanche lors de l’attaque d’un poste de contrôle par le groupe État islamique. Lundi soir, deux assaillants tentaient de s’en prendre à la présence militaire de l’UE au cœur de Bamako, dans l’hôtel Nord Sud. Car le chaos libyen concerne à la fois l’Europe et l’Afrique.