« J’ai demandé au secrétaire d’État d’étudier de près les saisies de terres et de fermes, les expropriations et les meurtres de grande ampleur de fermiers en Afrique du Sud. » Voilà ce qu’écrit le président américain Donald Trump sur son compte Twitter mercredi soir. Visiblement inquiété après la diffusion d’une émission sur l’Afrique du Sud par la très conservatrice chaîne de télévision Fox News. Il faut dire que le débat déchaîne les passions.
Jusqu’à présent, l’État sud-africain a privilégié une politique d’achats à l’amiable des terres. Mais, en février, les députés ont voté la mise en place d’une commission chargée de réviser la Constitution pour exproprier sans compensation. « Le gouvernement sud-africain saisit actuellement des terres appartenant aux fermiers blancs », a ajouté Donald Trump.
Mais encore. Le président américain a-t-il saisi tous les enjeux de la question ? Pas si sûr. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à la veille des élections générales de 2019, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a effectivement promis d’accélérer la réforme de la terre afin de « réparer l’injustice historique grave » commise à l’endroit de la majorité noire pendant la période coloniale et l’apartheid, officiellement aboli en 1994.
Réagissant au tweet de Donald Trump le gouvernement sud-africain a été direct dans sa protestation : « L’Afrique du Sud rejette totalement cette vision étroite qui ne vise qu’à diviser la nation et à nous rappeler notre passé colonial » et « va accélérer le rythme de la réforme d’une façon prudente et inclusive », a-t-il écrit sur Twitter.
Aujourd’hui, la minorité blanche, qui représente 8 % de la population sud-africaine, « possède 72 % des fermes », contre « 4 % seulement » pour les Noirs (80 % de la population). Pour mettre fin à ces déséquilibres, Cyril Ramaphosa et le gouvernement du Congrès national africain (ANC) ont notamment décidé d’exproprier de grands fermiers sans les dédommager, et souhaitent pour cela amender la Constitution. La discussion est en cours, mais, contrairement à ce qu’a affirmé Donald Trump, le projet n’a pas encore été mis en œuvre.
Mercredi encore, le chef de l’État sud-africain a confirmé devant le Parlement son intention de procéder à des « expropriations sans compensation », mais il a rejeté toute nationalisation et promis de « renforcer les droits de propriété ».