L’appel du réseau Voltaire pour la libération des journalistes syriens enlevés : http://www.voltairenet.org/URGENT-M...
Trois journalistes syriens travaillant pour la chaîne publique Al Ikhbarya ont été capturés vendredi par les rebelles alors qu’ils accompagnaient l’armée dans une opération à Al-Tal’, au nord de de Damas, a indiqué l’OSDH.
Al Ikhbarya a, de son côté, annoncé la perte de contact avec son équipe composée de la journaliste Yara al Saleh-Abbas, le cameraman Hatem Abu Yahya, et Abdellah Tabora et Hussam Imad, assistant et chauffeur.
Al Ikhbarya a dans un communiqué rendu les hommes armés et aux pays qui les soutiennent responsables de la vie sauve des membres de son équipe, et a rappelé que la profession médiatique est protégée par la Loi et les conventions internationales ; enfin la direction d’al Ikhbarya en appelle à l’Union des journalistes arabes et la Fédération internationale des journalistes pour travailler rapidement à leur libération !
Nous avions sur ce site mis en ligne un reportage de Yara al Saleh-Abbbas, jeune et jolie journaliste accompagnant crânement les soldats. Journaliste est effectivement une profession à risque en Syrie.
Et notamment pour les journalistes syriens qui participent à la lutte contre la destruction de leur pays, et qui sont, c’est vrai, eux aussi des soldats, même s’ils filment de vraies images et donnent, au péril de leur vie, de vraies informations sur la situation militaire. : voici une semaine, un présentateur de la télévision officielle syrienne, Mohammad al-Saïd, enlevé à la mi-juillet à son domicile à Damas, avait été exécuté par un groupe extrémiste.
Et lundi dernier, le siège de la radiotélévision syrienne à Damas avait été visé par un attentat à la bombe qui n’avait pas fait de victimes. Mais plus tôt cette année, les locaux d’al Ikhbarya à Damas avaient été dévastés par une bombe qui avait tué plusieurs journalistes et employés de la chaîne.
Ajoutons, à propos de journalisme engagé, que nombre de reporters français en Syrie se sont avérés être des propagandistes sans nuances de l’opposition et que, de même qu’il y a dans ce pays un « contre-terrorisme », il y a une « contre-information » syrienne.
Au vu de ce qui précède, et de ce qu’on sait de la mentalité de nombre d’activistes, on est en droit de s’inquiéter pour l’équipe d’al Ikhbarya : leurs chances de survie résident dans le fait qu’ils peuvent être une « monnaie d’échange » contre des insurgés capturés. Peut-être aussi leurs ravisseurs, s’ils ne sont pas des hallucinés du djihad, peuvent être conscients de la contre-propagande que constituerait le massacre d’une équipe de journalistes, comprenant une jeune femme. Mais le niveau d’humanité, et de rationalité politique, des insurgés est sujet à débat.
Journalisme de terrain et de courage
Yara al Saleh a été victime de son professionnalisme et de son courage, sinon de sa témérité. Dans le reportage de la chaîne syrienne concurrente Addounia que nous mettons en ligne ci-dessous, on a une autre démonstration de cette intrépidité journalistique. Le jeune reporter d’Addounia, gilet pare-balles et casque, accompagne les soldats à Alep.
On visite d’abord la citadelle, sous contrôle de l’armée. Puis c’est Salaheddine, où de balles sifflent. Et l’on voit – à partir de la quatrième minute de la vidéo – notre reporter rester debout dans une rue battue par les tirs, tandis que les soldats s’abritent. Et pas par lâcheté : un des leurs est peu après blessé – sans gravité – par une de ces balles rebelles, et le reporte recueille quelques mots de lui « à chaud ». On ne peut qu’admirer ce courage tranquille, qui semble parfois confiner à la témérité, et on souhaite à ce jeune journaliste syrien « de terrain » – et quel « terrain » ! – de pouvoir commenter bientôt les ultimes combats contre les bandes qui ravagent son pays. Avec sa consoeur Yara.