@ Laurent Guyénot
Si Élie n’était pas mort, son âme serait restée liée à son corps, pourquoi alors, les prêtres et les lévites interrogèrent-ils le Baptiste, âgé de la trentaine environ, afin de savoir s’il était Élie, ne s’étant pas aperçus qu’ils ne parlaient pas à un pluri-centenaire, comme le vieillard Siméon le traducteur des Septante, par exemple, qui vécut trois siècles avant la présentation au temple, et qui traduisit le texte d’Isaïe sur l’île de Pharos à Alexandrie en 271 avant notre ère, des siècles après la vie d’Élie sur terre ?
Votre péremptoire formulation de ce que les Evangiles ne parlent pas de réincarnation, évite soigneusement Origène, qui vécut avant l’impérialisation de l’Eglise du IVè siècle, et bien avant la définition conciliaire des livres dits canoniques du corpus des Écritures Saintes, au Vé siècle, rejettant les apocryphes qui circulaient librement auparavant, comme, par exemple, les manuscrits de Nag Hammadi récemment découverts, dans ce skite kopte près de la 6è cataracte l’attestent. Comme une normalisation... et si l’on brûla alors la bibliothèque d’Alexandrie, on imagine les raisons qui poussèrent les moines de Nag-Hammadi à cacher leurs rouleaux manuscrits.
Plus généralement, si l’on ne se contenterait pas d’une exception qui confirmerait une règle, c’est bel et bien en son âme humaine que le Christ fracassa les portes des enfers pour en délivrer les âmes des justes du Sein d’Abraham, avant de rencontrer Madeleine, dans le célèbre nolli me tangere, et de regagner la maison céleste de Son Père. La résurrection pouvait bien être envisagée comme une singularité de la réincarnation, sa réincorporation au corps de gloire. Faut l’ savoir ! sous l’apparence des accidents du vin et du pain, c’est encore au vrais sang et corps du Christ vivant, que l’on communie à chaque liturgie. Le cycle liturgique récapitulant la durée qui sépare l’alpha de l’omèga. Il y a là des extensions temporelles bien supérieures à celles d’une amnésique qui recouvre la mémoire, ou d’un comateux qui redevient conscient.
Pour de rapprocher des généralités, environ deux tiers de l’humanité contemporaine reconnaît la réalité de la réincarnation, sans pour autant s’éloigner de la compassion.
Tout le monde aura noté le chaos ambiant et l’imprévisibilité qu’il suppose et qui pourrait fort surprendre les planificateurs de tous bords.
Et de plenitudine ejus nos omnes accepimus, & gratiam pro gratia.