Télécoms : des câbles sous-marins au Moyen-Orient sectionnés volontairement ?
Après la coupure de plusieurs câbles, des experts avancent que ces interruptions ne relèvent pas du simple accident mais d’espionnage voire de terrorisme.
La coupure délibérée des liaisons de communications transcontinentales ou l’émergence d’une nouvelle menace mondiale ? La semaine dernière, plusieurs liaisons de télécommunications sous-marines situées dans les profondeurs de la Méditerranée ont été coupées, la série d’incidents a rapidement été attribuée à un navire dont l’ancre aurait sectionné ces mêmes câbles (voir notamment la contribution sur TheInquirer en date du 30 janvier).
Le vendredi 31 janvier, nouvel écho en provenance de la BBC cette fois-ci : un autre câble, reliant l’Europe au Moyen-Orient via l’Egypte a été signalé comme endommagé.
La série noire continue : dimanche 3 février, un câble aurait été coupé cette fois-ci au large du Qatar (Emirats Arabes Unis). La cause officielle de ce nouvel incident n’est pas encore connue . Mais, selon Arabianbusiness.com, le problème serait lié à la puissance du système d’alimentation et non à un navire qui aurait coupé le câble à cause de son ancre (explication souvent avancée dans les autres cas).
Selon un décompte effectué par le portail canadien Canoë en date du 4 février, c’est un total de cinq câbles : un en Malaisie, deux près du port d’Alexandrie en Égypte, un quatrième au large des côtes de Dubaï, et un cinquième au large de l’Iran.
"La troisième est l’action de l’ennemi"
Autant d’évènements dans une période aussi courte qui commencent à éveiller des soupçons : ces pannes ne seraient pas une simple coïncidence, elles serviraient à des actions terroristes. La guerre numérique se déplace-t-elle dans les fonds marins ?
L’un des premiers experts à tirer la sonnette d’alarme est Steve Bellovin, professeur en sciences informatiques à l’université de Columbia, à travers une contribution sur le Nanog, une mailing list du North American Network Operators Group. "Je suis un expert en sécurité, et donc par nature suspecte (...) Le vieil adage vient à l’esprit : la première fois est le fruit du hasard, la seconde est une coïncidence, mais la troisième est l’action de l’ennemi", a déclaré le professeur.
Analyse alarmiste tempérée par d’autres responsables en charge de la gestion de câbles télécoms sous-marins membres de cette lettre de diffusion professionnelle : de telles pannes se produisent assez souvent et ne sont généralement pas remarquées en raison des systèmes de redondance qui permettent aux opérateurs d’acheminer les données via un autre circuit.
"Si vous connaissez l’industrie des câbles sous-marin, vous savez que plusieurs câbles peuvent être hors service en même temps sans que cela ait un impact", répond Rod Beck de Hibernia Atlantic, un opérateur de câbles sous-marins qui exploite un réseau de télécommunications trans-atlantique.
"Cela arrive fréquemment. Les terroristes recherchent une plus grande visibilité que les actions perturbant des réseaux de câbles sous-marins. Elle ne fait pas partie des actions pouvant être captées par les chaînes de télévision... C’est vraiment difficile d’obtenir les images d’un câble sous-marin coupé", poursuit le représentant d’Hibernia Atlantic.
Espionnage à 20 000 lieux sous les mers ?
Après les attaques terroristes, d’autres envisagent des théories "complotistes". C’est le cas de Jessy Robbins du O’Reilly Radar qui pense que ces coupures résulteraient de la mise sous surveillance de ces liaisons stratégiques.
"L’explication selon laquelle les coupures seraient provoquées par les ancres de navires en mer agitée est en fait une diversion pour couvrir l’installation de systèmes de mise sur écoutes par un sous-marin spécialement équipé à des centaines de kilomètres de là", estime Jessy Robbins.
Ainsi, le sous-marin américain USS Jimmy Carter serait équipé pour ce type de mission spéciale, photo sur FlickR à l’appui... mais qui ne montre rien. Sur Nanog, Rod Beck réfûte ces allégations en qualifiant ce type de propos "d’exagération" de la part des spécialistes en sécurité.
Nicolas Guillaume
Source : http://www.vnunet.fr
Après la coupure de plusieurs câbles, des experts avancent que ces interruptions ne relèvent pas du simple accident mais d’espionnage voire de terrorisme.
La coupure délibérée des liaisons de communications transcontinentales ou l’émergence d’une nouvelle menace mondiale ? La semaine dernière, plusieurs liaisons de télécommunications sous-marines situées dans les profondeurs de la Méditerranée ont été coupées, la série d’incidents a rapidement été attribuée à un navire dont l’ancre aurait sectionné ces mêmes câbles (voir notamment la contribution sur TheInquirer en date du 30 janvier).
Le vendredi 31 janvier, nouvel écho en provenance de la BBC cette fois-ci : un autre câble, reliant l’Europe au Moyen-Orient via l’Egypte a été signalé comme endommagé.
La série noire continue : dimanche 3 février, un câble aurait été coupé cette fois-ci au large du Qatar (Emirats Arabes Unis). La cause officielle de ce nouvel incident n’est pas encore connue . Mais, selon Arabianbusiness.com, le problème serait lié à la puissance du système d’alimentation et non à un navire qui aurait coupé le câble à cause de son ancre (explication souvent avancée dans les autres cas).
Selon un décompte effectué par le portail canadien Canoë en date du 4 février, c’est un total de cinq câbles : un en Malaisie, deux près du port d’Alexandrie en Égypte, un quatrième au large des côtes de Dubaï, et un cinquième au large de l’Iran.
"La troisième est l’action de l’ennemi"
Autant d’évènements dans une période aussi courte qui commencent à éveiller des soupçons : ces pannes ne seraient pas une simple coïncidence, elles serviraient à des actions terroristes. La guerre numérique se déplace-t-elle dans les fonds marins ?
L’un des premiers experts à tirer la sonnette d’alarme est Steve Bellovin, professeur en sciences informatiques à l’université de Columbia, à travers une contribution sur le Nanog, une mailing list du North American Network Operators Group. "Je suis un expert en sécurité, et donc par nature suspecte (...) Le vieil adage vient à l’esprit : la première fois est le fruit du hasard, la seconde est une coïncidence, mais la troisième est l’action de l’ennemi", a déclaré le professeur.
Analyse alarmiste tempérée par d’autres responsables en charge de la gestion de câbles télécoms sous-marins membres de cette lettre de diffusion professionnelle : de telles pannes se produisent assez souvent et ne sont généralement pas remarquées en raison des systèmes de redondance qui permettent aux opérateurs d’acheminer les données via un autre circuit.
"Si vous connaissez l’industrie des câbles sous-marin, vous savez que plusieurs câbles peuvent être hors service en même temps sans que cela ait un impact", répond Rod Beck de Hibernia Atlantic, un opérateur de câbles sous-marins qui exploite un réseau de télécommunications trans-atlantique.
"Cela arrive fréquemment. Les terroristes recherchent une plus grande visibilité que les actions perturbant des réseaux de câbles sous-marins. Elle ne fait pas partie des actions pouvant être captées par les chaînes de télévision... C’est vraiment difficile d’obtenir les images d’un câble sous-marin coupé", poursuit le représentant d’Hibernia Atlantic.
Espionnage à 20 000 lieux sous les mers ?
Après les attaques terroristes, d’autres envisagent des théories "complotistes". C’est le cas de Jessy Robbins du O’Reilly Radar qui pense que ces coupures résulteraient de la mise sous surveillance de ces liaisons stratégiques.
"L’explication selon laquelle les coupures seraient provoquées par les ancres de navires en mer agitée est en fait une diversion pour couvrir l’installation de systèmes de mise sur écoutes par un sous-marin spécialement équipé à des centaines de kilomètres de là", estime Jessy Robbins.
Ainsi, le sous-marin américain USS Jimmy Carter serait équipé pour ce type de mission spéciale, photo sur FlickR à l’appui... mais qui ne montre rien. Sur Nanog, Rod Beck réfûte ces allégations en qualifiant ce type de propos "d’exagération" de la part des spécialistes en sécurité.
Nicolas Guillaume
Source : http://www.vnunet.fr